Comédies françaises : ça vous fait rire ?

Méfiez-vous de la comédie française... Elle est devenue tellement mauvaise qu’on ne la montre même plus à la presse...

Il est désormais devenu pratique courante, voire systématique, de dissimuler à la presse les bonnes grosses comédies françaises.
Jugés trop sévères, impitoyables et visiblement partiaux, les journalistes sont régulièrement écartés des productions franchouillardes qui cibleraient les masses, vous savez ces beaufs pas très regardants, prêts à rire entre eux, sur tout et n’importe quoi, en particulier quand Kad est au menu (RTT, Safari et Protéger et servir, respect pour le comédien !).
Le fléau du "on ne le montre pas !" a touché ces derniers mois les unanimement respectés Cinéman (plus gros échec de l’année 2009), Le baltringue (nanar inconsolable conservé sous formol pendant plus d’un an), Protéger et servir (l’équivalent contemporain d’un Mon curé chez les nudistes en 1983) et même, à une moindre mesure, Le mac, projeté en avant-première uniquement loin de Paris durant le festival des Alpes d’Huez. Paraît-il que celui-ci est un cran au-dessus. Peut-être, mais nous, on ne l’a pas vu pour vérifier !
Cette semaine c’est Coursier avec Michaël Youn qui fonce sur le public à l’aveuglette, sans vraiment avoir pris la température du côté de ces ringards de critiques. Youn, crucifié par les professionnels pour Incontrôlable avait rédigé un papier énervé à l’encontre de ceux qui avaient abattu ses précédents efforts comiques en salles. Il n’est donc vraiment pas étonnant que son film ait été gardé top secret par son distributeur EuropaCorp, lui-même parfois suspicieux à l’égard des journalistes. Après tout, le grand gourou, Luc Besson, n’avait-il pas, lui non plus, souffert de l’arrogance des critiques à l’époque du Grand Bleu ? Sauf qu’il avait raison, Luc, son film aquatique n’était pas comique et les critiques étaient un peu de mauvaise foi. Par contre Youn et Incontrôlable... Euh !
Désormais, les producteurs, distributeurs ou attachés de presse ne veulent pas rire quand on leur parle de comédie, surtout la leur. Le constat est un peu partout le même, le genre effraie plus qu’il ne fait sourire ! Peur de passer à côté du succès populaire à cause de quelques journalistes coincés. Peur de blesser la production nationale qui dépend de ces quelques grosses locomotives. Peur de mettre en marche l’implacable machine de destruction que sont les sites internet, qui font et défont les réputations de manière rédhibitoire. Jugnot pourrait sûrement en témoigner, lui qui a souffert d’un bide historique en 2009 avec Rose et noir (94.000 entrées France, deux semaines à l’affiche et hop, viré des salles !).
Bref, dans un tel contexte, l’amateur de comédies ne devrait-il pas attendre les premiers échos de ces fameux sites internet malfaisants, ceux-là mêmes qui poussent le vice jusqu’à envoyer des émissaires vicieux dans les salles publiques après la sortie du film ? A moins qu’il puisse se contenter des premiers avis de spectateurs sur les forums, notamment celui d’Allociné, toujours très réactif ? En tout cas, vu la pléthore de nullités historiques (Protéger et servir quand même !), le citoyen cinéphile, même s’il est patriote, doit vraiment apprendre à lire entre les lignes des pages blanches quand, à une semaine de la sortie de la bombe tant attendue, rien n’a encore été publié !
Attendons maintenant Camping 2, dont la sortie est prévue pour avril 2010, pour vérifier si oui ou non la malédiction qui pèse sur la comédie française est juste passagère.