« The Godfather in Hiroshima »
Le 10 juillet 2015
Adulé par Tarantino, ce modèle de film de yakuza est considéré comme le meilleur film de Kinji Fukasaki, auteur culte encore trop méconnu.
- Réalisateur : Kinji Fukasaku
- Acteurs : Hiroki Matsukata, Tatsuo Umemiya, Tsunehiko Watase, Bunta Sugawara, Kunie Tanaka, Eiko Nakamura
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Japonais
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 1h39mn
- Titre original : Jingi Naki Tatakai
- Festival : Festival de Cannes 2015
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– Année de production : 1973
– Kinema Junpo Awards 1974 : Meilleur acteur pour Bunta Sugawara - Meilleur scénario
L’argument : Durant son incarcération pour meurtre, Hirono Shozo aide Hiroshi Wakasugi, un yakuza de la famille Doi, à sortir de prison. À sa sortie, Hirono et ses amis (Sakai, Kanbara, Shinkai, Arita et Yano) forment leur propre clan sous le commandement de Yoshio Yamamori. Ce dernier double Doi en truquant le résultat d’une délibération municipale.
Notre avis : Combat sans code d’honneur est inspiré d’articles de presse sur la vie du gangster Mino Kozo, figure célèbre de la pègre japonaise. Devant le succès considérable de ce film du studio Toei, le producteur Koju Sundo souhaita en faire le premier volet d’une saga, The Yakuza Papers, qui comprendra au total cinq volumes. L’ensemble de la série, réalisé en 1973 et 1974, est considéré comme une pièce majeure du cinéma japonais. Comparativement aux autres films de yakuza jusqu’alors réalisés, Combat sans code d’honneur ne présente pas de héros idéalisés ou de bons sentiments, et on a pu parler de jitsuroku pour nommer ce sous-genre inauguré ici par Fukasaku. Le scénario a d’abord un ancrage historique, puisque l’action se déroule entre 1946 et 1956, en parallèle du « miracle japonais » dont le film dévoile un autre versant. Dans un Hiroshima en ruines après l’horreur nucléaire, des malfrats participent à la reconstruction par leurs méthodes peu orthodoxes. Parvenant à s’infiltrer chez les autorités locales, ils développent rapidement une économie souterraine plus ou moins informelle, de la sous-traitance des armes pour les Américains à l’occasion de la guerre de Corée, au trafic de drogue en pleine expansion dans les années 50.
Le film de Kinji Fikasaku vaut d’abord pour cette reconstitution sans concessions, et un souci de réalisme documentaire : celui-ci est étayé par une présentation détaillé des personnages, qui ont tous existé, et une précision de la date des principaux événements, dont les décès des protagonistes trucidés au cours d’une narration mouvementée. Mais on se doute que Kinji Fikasaku n’a pas voulu se contenter de brosser une fresque historique sur le système mafieux japonais de l’après-guerre. Combat sans code d’honneur est avant tout un polar stylisé haletant, dont la violence (inouïe pour l’époque) fait osciller le film entre le thriller gore et la farce pince-sans-rire, avec des passages cultes déments : du petit doigt arraché que l’on cherche dans le jardin à une rafale de mitraillette qui s’acharne sur un cercueil, l’œuvre manie l’humour glauque avec délectation et multiplie les morceaux de bravoure. Le montage percutant contribue à la fascination de ce polar déjanté, de même que le thème musical jazzy qui sera repris dans toute la saga. Bunta Sugawara (1933-2014) trouva avec Hirono Shozo le rôle de sa vie et s’avère l’un des meilleurs acteurs du genre. Si Kinji Fikasaku a été manifestement inspiré par Le Parrain de Coppola réalisé un an plus tôt, son univers nihiliste et son style éblouissant influenceront eux-mêmes de nombreux cinéastes, de Quentin Tarantino, qui le vénère, au Takashi Miike de Yakuza apocalypse. Le film a fait l’objet d’une restauration numérique en 2K réalisée par Toei Company à partir du négatif original 35 mm.
Gérard Crespo - En collaboration avec le site
CINEMASMAG
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