Colère noire . Intégrale - La chronique BD

Tout commence comme un sordide fait divers. Elles sont deux, dans un supermarché, un peu par hasard... Une bande de dingues, flingues à la main, masques sur le visage, braque les caissières avant de tirer en aveugle sur la foule. Stella fait partie des clients et voit son mec s’écrouler, tué à bout pourtant. Marielle assiste, impuissante, à la mort de son petit garçon, renversé par une voiture au cours de la fusillade. Et le commando de prendre la fuite après ce bain de sang...

Marielle et Stella vont unir leur courage et leur force pour traquer les assassins. Car ces salauds continuent leur périple, semant la terreur et la mort dans de nombreux magasins, sans que les flics ne parviennent à leur mettre le grappin dessus. La vengeance est un plat qui se mange froid. Et, pour se délivrer de leur "colère noire", pas d’autre solution pour les deux filles que de se faire justice elles-mêmes.

Le scénario de Smolderen est un modèle en matière de rebondissements et d’imprévus. Beaucoup plus qu’une simple course poursuite ou qu’une traque désespérée, l’histoire se révèle complexe et pleine de ramifications. L’auteur engage également une réflexion sur la soif de vengeance personnelle. D’ailleurs, choisir deux héroïnes pour traiter ce thème n’est en soi pas innocent. Moments de doutes, de remise en cause, d’interrogations insolubles... Jusqu’où ces filles sont-elles prêtes à aller pour assouvir leur vengeance ? Comment une mère confrontée au pire des malheurs parvient-elle à redresser la tête ?

Le travail de Marcelé sur une illustration toute en noir et blanc fonctionne parfaitement avec le thème du récit. A l’image de ses héroïnes, il allie pudeur et finesse dans ses croquis. On partage les émotions de ses personnages, emporté dans le tourbillon de l’intrigue. D’ailleurs, les choix opérés en matière de découpages ressemblent vraiment à un travail de réalisateur. Saluons donc cette belle initiative des Humanos qui ont choisi de rééditer en un seul volume ces trois tomes parus il y a plusieurs années. Le constat est d’ailleurs sans appel. Le sujet, plus que jamais, reste d’actualité !