Le 10 décembre 2018
La télévision à visée pédagogique qui tente de transmettre un patrimoine littéraire, ça peut donner de belles surprises, dont ce coffret donne une belle idée.
- Réalisateurs : Jean-Daniel Verhaeghe - Claude-Jean Bonnardot - Michel Favart - Daniel Ceccaldi
- Acteurs : Michel Galabru, Alain Cuny, Henri Garcin, Madeleine Robinson, Julien Guiomar, Pierre Malet
- Genre : Fantastique
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : INA éditions
- Durée : 6h15mn
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– Sortie du coffret : le 4 décembre 2018
Résumé : - La métamorphose : Un homme se réveille transformé en un énorme insecte... - La peau de chagrin : Un jeune écrivain ruiné reçoit une peau magique. Mais à chaque voeu exaucé, elle rétrécira et approchera son propriétaire de la mort... - Le vol d’Icare : Icare, tout jeune personnage de fiction, s’échappe du manuscrit de son créateur. C’est une catastrophe ! - L’invention de Morel : Naufragé sur une île, Luis assiste à d’étranges phénomènes et tente d’entrer en contact avec ses surprenants habitants...
- © 2018 Ina Editions. Tous droits réservés.
Le coffret : Adaptation fidèle à la lettre de la nouvelle de Kafka, La métamorphose (Jean-Daniel Verhaeghe, 1983, 50mn) relate les conséquences de la transformation de Grégoire, fils et employé modèle, en cafard. La principale idée du film est d’utiliser une caméra subjective pour transcrire la vision du jeune homme, ce qui évite par ailleurs le risque du ridicule. Mais le plaisir vient d’une interprétation aux petits oignons : Julien Guiomar en père, pompeux et servile, Madeleine Robinson en mère soumise et à la tendresse toute relative, à qui s’ajoutent le stylé Pierre Etaix et la truculence de Monique Tarbès, de quoi savourer cette description cruelle d’un monde mené par l’argent et les bassesses. Comme le dit la voix de Sami Frey, « ce sont eux, les bêtes ». On pourra sourire de quelques effets (le portrait de Kafka, les intertitres), mais cette adaptation se tire avec les honneurs d’un exercice difficile.
Pour qui ne connaît pas le délicieux récit d’Adolfo Bioy Casares, L’invention de Morel (Claude-Jean Bonnardot, 1967, 1h36mn) sera une surprise, et des meilleures, tant l’imagination subtile recèle de charme. Sur un canevas apparemment éprouvé, un fugitif trouvant asile sur une île désertée, le film déstabilise par l’intrusion de mondains incongrus dont les gestes et paroles semblent se répéter. Que cache cette énigme ? Il faut quelque quarante minutes pour commencer à le comprendre, mais le spectateur n’est pas au bout de ses découvertes : s’inspirant autant de thèmes romantiques (l’amour pour une femme morte, Frankenstein) que de croyances anciennes sur l’image, l’intrigue se déploie, soutenue par une voix off hypnotique, vers une implacable conclusion. Une bien belle adaptation.
Plusieurs fois mis en images, le roman de Balzac appartient à sa veine fantastique dont il est le fleuron le plus célèbre : l’histoire de Raphaël, propriétaire d’une peau qui se rétrécit au fur et à mesure que ses désirs sont exaucés, revisite le pacte faustien dans le Paris de 1830. Le film qu’en tire Michel Favart (La peau de chagrin, 1980, 2h20mn) surprend par son économie et sa raideur. Les moyens limités ne sont pas seuls en cause : les dialogues abondants côtoient sans cesse l’emphase, et les acteurs ont tendance à les réciter sentencieusement (mention spéciale à Alain Cuny) avec un visage hiératique. Il faut donc un temps pour apprécier cette adaptation, se laisser entraîner par le destin d’un héros un peu fade, s’interroger sur Foedora, s’amuser de la satire des médecins et compatir avec Pauline, au prix d’un léger ennui face au statisme bavard.
Daniel Ceccaldi, pour adapter le dernier et malicieux roman de Raymond Queneau (Le vol d’Icare, 1980, 1h36mn), s’est entouré d’acteurs aussi populaires que lui avec, à leur tête, Michel Galabru qui se livre à un des numéros de cabotinage dont il avait le secret. Il n’a pas pour autant choisi la facilité, la fantaisie de l’auteur résistant souvent à une transposition. D’où quelques passages un peu laborieux, et des chutes de régime. Mais Ceccaldi s’amuse beaucoup, et cela se sent, à recréer un Paris populaire fin de siècle comme à se moquer des travers de ses personnages qu’il fait agir tels des pantins. Le prétexte tient moins du fantastique que du jeu avec la fiction et les mots : le bel Icare s’échappe d’un roman tandis que son auteur le recherche à l’aide d’un détective peu doué, et son exemple est suivi par d’autres selon une logique burlesque. Si bien que malgré certaines lourdeurs, on se divertira sans honte devant ce spectacle farci de seconds rôles et de détails truculents.
Les suppléments :
Pas grand-chose : des bandes-annonces, une galerie photos, et un curieux module sur le sens du mot « kafkaïen » (4mn).
L’image :
Les copies ont été restaurées avec soin, sans pouvoir gommer l’aspect télévisuel d’une image plutôt fade à la définition très moyenne. De rares parasites.
Le son :
Les dialogues prennent largement le devant, parfaitement audibles et clairs. Évidemment, il ne faut pas attendre beaucoup plus, la musique parcimonieuse n’ayant pas un éclat remarquable. En tenant compte des dates et des conditions d’enregistrement, on peut juger les pistes satisfaisantes.
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