Clair de femme - Costa-Gavras - critique

Critique : Costa-Gavras abandonne ici le film engagé pour adapter le roman de Romain Gary : un homme erre dans Paris, pendant que son épouse condamnée par la maladie a décidé de se donner la mort. Il va rencontrer Lydia, une femme qui, il y a six mois a perdu sa fillette dans un accident de voiture.
Son film, forcément sombre, mais aussi désabusé, ne manque pas pourtant d’une certaine ironie. Pour illustrer son propos, il met en scène deux acteurs qui portent en eux, à titre personnel, un passé complexe, ce qui renforce considérablement le récit : Yves Montand de quasi tous les plans, dans un personnage qui manie un langage piquant et cultivé et qui s’oblige à une demi-ivresse, est imposant dans la douleur et la lucidité morbide qu’il exprime. Romy Schneider, qui apparaît fatiguée, très juste comme souvent, porte une héroïne ravagée par la perte d’un enfant et confronté à un mari, avec qui elle ne vit plus, qui s’est muré dans une forme de folie (excellent François Perrot).
Les personnages secondaires sont hauts en couleurs, renforçant ainsi l’isolement des deux protagonistes : un dresseur de chiens sur le retour, cardiaque et alcoolique, qui crève de solitude (Romolo Valli), une belle-mère russe exubérante (Lila Kedrova), un serveur bavard et trop curieux (Roberto Benigni) et un commissaire de police flegmatique (Daniel Mesguish).
Tout cela se déroulant le temps d’une nuit, on a un peu l’impression de suivre les personnages dans un mauvais rêve éveillé. Un bémol tout de même : les dialogues dus au cinéaste, trop écrits, entravent parfois le naturel des situations.
Si Yves Montand était l’un des interprètes favoris de Costa-Gavras, c’était la première et seule apparition de Romy Schneider dans son œuvre. Il aura aussi permis de reformer une fois le couple mythique de César et Rosalie.