La mort est mon métier
Le 27 juillet 2010
Une œuvre violente et bouleversante sur le massacre de Nankin, où la coexistence des points de vue chinois et japonais favorise un discours historique à la fois singulier et remarquable.
- Réalisateur : Chuan Lu
- Acteurs : Liu Ye, Yuanyuan Gao, Hideo Nakaizumi, Wei Fan , Yiyan Jiang
- Genre : Historique, Film de guerre
- Nationalité : Chinois
- Date de sortie : 21 juillet 2010
- Festival : Festival du Film Asiatique de Deauville 2010
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– Durée : 2h15min
– Titre original : Nanjing ! Nanjing !
Une œuvre violente et bouleversante sur le massacre de Nankin, où la coexistence des points de vue chinois et japonais favorise un discours historique à la fois singulier et remarquable.
L’argument : Chine, 1937.
Aux portes de Nankin, capitale de la Chine, l’armée impériale japonaise lance l’offensive. À l’intérieur, les soldats chinois sont totalement désorganisés. Certains veulent se rendre, d’autres s’y opposent par la force, alors que l’essentiel des troupes et une partie de la population civile ont déjà été évacués. Les remparts sont détruits par des tirs de chars. Les soldats japonais entrent dans la ville fantôme avec ordre de ne pas faire de prisonniers. Le « Massacre de Nankin » est en marche. Parmi les soldats japonais, le jeune Kadokawa prend part à la mise à sac de la ville tout en l’observant avec effroi. Du côté chinois, les soldats sont exécutés en masse, et les femmes de tous âges violées. Les nombreux civils qui n’ont pu être évacués tentent de s’organiser pour survivre...
Notre avis : En Mars 2010, à l’occasion du douzième festival du Film Asiatique de Deauville où la Chine était à l’honneur, Chuan Lu a été choisi pour représenter le jeune cinéma chinois. Après The Missing Gun et Kekexili, la patrouille sauvage remarqué en 2004, le cinéaste propose aujourd’hui son troisième opus, dans lequel il relate le drame terrible de Nankin en 1937 où 800.000 Chinois trouvèrent la mort sous l’occupation japonaise - tragédie relatée pour la première fois au cinéma.
- © Metropolitan FilmExport
Tourné dans un noir et blanc propre et lumineux, ce long-métrage bénéficie d’une photographie travaillée et contrastée. Au commencement, bien que le récit se déroule en temps de guerre, rien n’annonce l’horreur à venir ; le choc des premiers massacres est d’autant plus fort. On sait gré à Chuan Lu de ne pas user de plans racoleurs où le voyeurisme malsain prend le pas sur la pudeur. Pas de gros plans mais des plans d’ensemble afin de saisir l’ampleur de la destruction. Horrifié et dépassé, le spectateur assiste à des actes effrayants. Si au début de City of Life and Death, nous assistons à des massacres collectifs, par la suite, Chuan Lu s’attache à suivre le parcours de personnalités vivant dans la ville, des victimes d’un acharnement total en souffrance qui nous bouleversent parce que, justement, il se crée progressivement un attachement à ces individus.
- © Metropolitan FilmExport
L’appréciation du long-métrage se révèle particulièrement éprouvante, non par les images en elles-mêmes, mais parce que l’on réalise qu’il y a une négation totale de l’individu. Le viol des femmes était déjà à l’époque une arme de guerre (des milliers femmes ont été violées pendant la prise de Nankin) mais il devient là une entreprise à grande échelle basée sur le « volontariat »... Perversité suprême... Il est vraiment appréciable de constater que Chuan Lu n’a pas concentré toute son attention sur les Chinois mais propose aussi un regard sur les dilemmes et doutes vécus par les soldats de l’armée japonaise, conscients pour certains de la gravité de ce qu’ils étaient en train de vivre. Le cinéaste interroge là la notion d’avilissement de l’être humain qui est finalement duale : être nié par autrui ou porter atteinte à l’intégrité de son égal, niant par là-même sa propre existence. Le constat est édifiant. Glaçant.
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Une sensation nauséeuse tenace dont on ne se départit pas nous maintient tout au long des 2h15mn de City of Life and Death, d’autant plus forte que nous savons assister à des horreurs bien réelles. Les regards brisés des victimes restent longtemps gravés dans l’esprit du spectateur, qui prend acte et conscience de ce regard présent sur cette période de l’Histoire de Chine. Présenté hors compétition à Deauville, le troisième long-métrage de Chuan Lu a marqué les festivaliers tant par ses qualités techniques et esthétiques que par la force bouleversante de son témoignage historique et humain. Avec City of life and death, Chuan Lu signe une œuvre mémorable et substantielle, s’inscrivant définitivement, aux côtés de Jia Zhang-Ke, Lou Ye ou encore Gu Changwei, comme l’un des cinéastes chinois les plus remarquables de ces dernières années.
– Le film sur John Rabe
- © Metropolitan FilmExport
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