A bout de souffle
Le 25 janvier 2006
Une aventure humaine qui sait faire passer son message écolo avec finesse.
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– Durée : 1h35mn
Une aventure humaine qui sait faire passer son message écolo avec finesse.
L’argument : Pour empêcher le massacre des dernières antilopes du Tibet, une patrouille de volontaires part à la recherche d’un gang de braconniers sur les plateaux du Kekexili. Une poursuite impitoyable s’engage entre les deux groupes dans des conditions extrêmes, à cinq mille mètres d’altitude.
Notre avis : Difficile de croire que ce Kekexili ait été autorisé par le gouvernement chinois. Cet épisode peu glorieux du non-respect des conventions internationales (des braconniers pourchassent des antilopes tibétaines, espèce protégée, sans jamais être inquiétés par les autorités locales) ressemble d’avantage à ces films "censurés", réalisés plus ou moins clandestinement, qu’aux fresques historico-guerrières que la Chine se plaît à déverser sur nos écrans. Après The world, chronique âpre d’une jeunesse déboussolée, Kekexili semble marquer une certaine acceptation du gouvernement à faire son auto-critique, sans avoir à se cacher derrière le rassurant éloignement de l’Histoire. Car voilà, le film est cru. Dur, même.
Dans Kekexili, il est question d’une traque, donc d’une obsession. Pas tant celle qui oppose les braconniers à leurs proies, les antilopes tibétaines, mais celle, autrement plus ambiguë, entre la patrouille "sauvage" et les braconniers. Comme dans un bon western, il s’agit de tout plaquer pour poursuivre sa Némésis, quitte à s’effondrer en cours de route, à bout de souffle. Il faut dire que, dans ces régions de haute altitude, l’air est particulièrement raréfié.
Cette poursuite impitoyable, puis absurde, prend pour témoin une nature rugueuse, parfaitement exploitée par un réalisateur inspiré. En plus de conserver son caractère sauvage (sans jamais tomber dans une esthétique de carte postale), il l’intègre parfaitement au récit, qui se fait un véritable manuel de la survie en région inhospitalière. Ce qui donne au film un cachet "film d’aventure" particulièrement bienvenu. En suivant, jour par jour, la progression de la patrouille, le réalisateur aurait pu se contenter de donner dans la reconstitution documentaire (d’autant plus qu’une grande partie de l’histoire est basée sur des faits réels). Crainte infondée, Kekexili affichant de solides ambitions cinématographiques (musique, scénario, réalisation classieuse). Et même quelques fulgurances, comme en témoigne ce plan, furtif, d’une plaine jonchée de centaines de carcasses d’antilopes, translucides. Une mini-apocalypse en numérique qui n’aurait pas détonné dans le récent Les âmes grises. Une vision finalement assez symptomatique d’une œuvre étonnante, qui sait rudoyer le spectateur et se jouer du manichéisme pour mieux faire passer son message écologique.
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