Cinéma, aspirines et vautours - Marcelo Gomes - critique

Critique : Road movie attachant et respectable, ce film nous présente un jeune Allemand qui passe de village en village dans le Nordeste brésilien des années 40 afin de faire découvrir l’aspirine par des projections publicitaires. Il est assisté par un paysan pris en stop et souhaitant refaire sa vie dans la capitale. Hésitant quelque peu entre le film minimaliste de voyage à la Kiarostami et le pittoresque folklorique à la Walter Salles (Carnets de voyage n’est pas loin), Marcelo Gomes peine un peu à trouver sa voie et nous mène sur des sentiers parfois convenus (la rencontre forcément sentimentale avec l’auto-stoppeuse en fugue, la morsure du serpent que le personnage central refuse d’abattre). Mais le sujet mérite le détour : notre projectionniste est-il apolitique, pacifiste, ou anti-nazi ? Toujours est-il qu’avec l’entrée en guerre du Brésil, l’Allemand est vite indésirable et se doit de s’aventurer dans des contrées plus lointaines pour se fuir également lui-même. Auréolé d’un prix de l’Éducation nationale sans doute excessif, quand le Festival de Cannes 2005 nous a fait découvrir tant d’œuvres passionnantes, Cinémas, aspirines et vautours se laisse pourtant voir sans ennui, même s’il ne laissera pas de trace indélébile dans les annales du cinéma.