Chromatopsie - La chronique BD

C’est l’ouvrage des émois du corps, ceux qui ne rentrent pas dans les cases, à qui l’on ne peut donner d’appartenance.
Ces corps, qui dès leur premier jour sur terre, savent qu’ils n’appartiennent pas à la norme et qu’ils prendront un autre chemin que celui que leur a attribué Dame nature.
Les attributs peuvent être trompeurs.
Juste une enveloppe si lourde à porter, comme cette peau d’orange qui gratte tant la protagoniste d’une des scénettes de l’ouvrage. Elle s’en débarrassera finalement avec toute la volonté de son esprit. Au diable les jugements !
En grandissant, est ce qu’on s’assume plus ? Certains ne se trouveront jamais, d’autres se découvriront autrement et à nouveau.

Dans ce bel opus finement aquarellé, éloge de toutes les beautés, Quentin Zuttion met en avant LA différence. Il décortique les corps meurtris par leurs vécus et donne pleinement la parole à ces derniers.

Chaque idée projette sa couleur sur une partie de corps : c’est la marée noire provoquée par le mec qui largue les amarres et laisse son partenaire à la dérive lors de leur rupture, c’est le bleu des papillons dans les yeux quand on tombe amoureux, ou encore le rouge cannibale d’une jeune fille qui se transforme en Dracula qui ne s’ignore pas, quand elle avoue durant le dîner, à sa famille, qu’elle aime manger le sexe de sa copine …

Autant de situations plongées dans l’absurde - qui ne le sont pas tant que ça au final- pour transcrire les blessures de la vie, petites ou grandes, sur la différence sexuelle, les abus, l’évolution de chacun, les fantasmes, les tromperies, la vie... sous un regard bienveillant et bienvenu.

Semblable à un théâtre de Nô, surréaliste, poétique ou encore onirique, cet ouvrage nous ouvre les portes du possible et nous conforte à pousser l’affirmation de soi sur nos propres désirs et nos combats.