Chère Martha - la critique du film

Critique : Toute l’originalité de cette comédie romantique réside dans la personnalité plutôt inhabituelle de son héroïne, Martha, passablement obsessionnelle, soupe au lait, rigide et incapable d’exprimer la moindre émotion. Virtuose de la cuisine, elle se donne tout entière à son art, s’isolant progressivement du monde qui l’entoure. C’est dire à quel point l’irruption d’une petite fille en mal d’amour va la déstabiliser... Il n’existe en effet pas de recette miracle pour guérir ce genre de blessures.
La suite de l’histoire est téléphonée. Tout comme la romance qui va unir inévitablement le cuisinier rital à la chef inflexible, la dolce vita à la rigueur allemande. Sandra Nettelbeck ne prétend d’ailleurs pas contourner les clichés du genre dans ce premier long métrage, mais elle les accommode de façon légère, piquante et savoureuse. Les effluves qui s’échappent de la cuisine et de l’écran ajoutent au plaisir. On ne saurait néanmoins comparer cette charmante comédie, aussi délicieusement relevée soit-elle, au merveilleux Festin de Babette. Mais elle a le mérite de réchauffer le cœur et d’exciter les papilles. Martina Geddeck incarne avec précision et subtilité cette femme, initiée, un peu malgré elle, aux plaisirs de l’existence par un Sergio Castellitto très à l’aise dans le rôle du bon samaritain. On se laisse prendre au jeu, avec le regret, malgré tout, de ne pas pouvoir saucer les plats.