Le 5 avril 2015
Une série B rare, donc indispensable, qui repose sur un scénario d’une grande finesse.
- Réalisateur : Spencer Gordon Bennet
- Acteurs : Dan Duryea, Audrey Dalton, Rod Cameron, Richard Arlen, Buster Crabbe
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Sidonis Calysta
- Durée : 1h32mn
- Titre original : The bounty killer
- Date de sortie : 17 novembre 1965
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– Sortie DVD : le 26 mars 2015
Une série B rare, donc indispensable, qui repose sur un scénario d’une grande finesse.
L’argument : Dernier arrivé à Silver Springs, Willie Duggans est à peine accueilli par les habitants... En effet, ceux-ci ne sont pas intéressés par cet homme se revendiquant contre les armes et pacifique. Alors qu’il est chargé de transporter une cargaison, il se retrouve braqué par des bandits et utilise une arme pour se défendre. Il tue ses assaillants et gagne le respect de ses concitoyens. Willie prend la décision de se reconvertir en chasseur de primes.
Notre avis : Spencer Gordon Benett a connu une longue carrière, commencée au temps du muet, multipliant les sérials (Zorro, Batman...) et les séries B. Chasseur de primes est son avant-dernier métrage, un film rare, très peu vu, et qui mérite le détour. Non que ce soit un chef-d’œuvre, et nous sommes plus proche de Patrick Brion que d’Yves Boisset, qui, dans les bonus, s’opposent sur la qualité de la mise en scène. En effet, même si l’état de la copie et le fait qu’elle ne soit pas en cinémascope peut amoindrir ses qualités, elle reste très fonctionnelle, jusqu’aux clichés (la surimpression pour indiquer la répétition des traques !) et souffre vraisemblablement du manque de moyens.Ce n’est pas non plus l’interprétation qui nous ravira : les comédiens sont peu charismatiques, et Dan Duryea, convaincant dans la seconde partie, est moins crédible en homme pieux et naïf.
Ce qui fait la qualité du film, c’est le scénario, dont il faut souligner l’originalité. Construit en deux parties inégales, il narre l’ascension d’un homme, qui de pacifique et croyant, devient chasseur de primes, puis sa déchéance à partir de la mort de son associé et de son désir de vengeance. L’opposition est forte entre la douceur du début, très dialogué, proche parfois de la comédie, et la fin, dure, ponctuée par des accès de violence sèche. Les belles idées sont légion, du char à voile au jeu sur les vêtements ou les boissons qui font des deux acolytes des êtres décalés, à part. Surtout, la séquence de la messe, presque à la fin, est un monument de finesse et d’audace. Au milieu du bar, le pasteur fait un prêche bientôt contredit par Willie, l’anti-héros du film. La violence de son attaque est tout simplement d’anthologie.
Si le scénario séduit par ses originalités, il aborde aussi de nombreux thèmes, à la manière des sur-westerns dont parlait André Bazin. Comme La Cible vivante d’Henry King, à travers son personnage qui se perd en croyant se trouver, Chasseur de primes questionne le rapport à la violence, mais aussi le courage et la lâcheté, la droiture et l’hypocrisie, sans jamais être pesant. Il louche même du côté de la tragédie, avec la présence éparse de la fatalité comme menace perpétuelle.
Ce qui nous frappe aujourd’hui, c’est à quel point, même pour une série B fauchée, les scénaristes et les dialoguistes hollywoodiens pouvaient mettre un point d’honneur à livrer un travail achevé, peaufiné. Ainsi de la construction, solidement appuyée sur une série d’échos et de parallélismes : l’une des premières répliques (« Rien ne vaut de l’eau fraîche ») revient à la fin comme un rappel ironique ; la question que Willie pose au tueur lui est posée à son tour quand il devient un chasseur redouté. Inutile de multiplier les exemples, chacun en relèvera d’autres, jamais gratuits.
Enfin, si l’on a peu évoqué la mise en scène, faute d’une fadeur quasi-constante, il faut souligner une idée égrenée tout au long du film : Spencer Gordon Benett varie les images qui représentent les différentes menaces ; une ombre, une main ou des bottes suffisent à indiquer un danger.
Les suppléments :
Patrick Brion revient avec l’érudition qu’on lui connaît sur le film dans l’histoire du western, le réalisateur et le producteur (10 minutes). Yves Boisset donne à son entretien un tour plus anecdotique et personnel, en particulier sur le scénariste, Leo Gordon (11 minutes). La traditionnelle galerie de photos et d’affiches est riche et variée.
L’image :
On ne peut en vouloir à Sidonis, mais l’image est pitoyable : griffures, parasites, couleurs affadies, manque de contrastes …
Le son :
Le son s’en tire mieux ; les deux pistes Dolby Digital 2.0 mono, ont certes souffert, mais, surtout en VO, les dialogues gardent beaucoup de présence. La musique est plus inégalement restituée.
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