Zorro le vengeur masqué - la critique + le test DVD

Bach Films nous permet de découvrir un serial des aventures du célèbre vengeur masqué, le tout imprégné d’une bonne touche de féminité.

L’argument : Propriétaire d’une compagnie de diligences et en apparence citoyen respectable, Dan Hammond est en réalité le chef d’une bande de pillards qui tient Crescent City (Idaho) sous sa coupe. Sœur du directeur du journal de la ville assassiné par les hommes de Hammond, Barbara Meredith prend l’identité de Zorro (The Black Whip) pour lutter contre la bande, avec l’aide de l’agent du gouvernement Vic Gordon.

Notre avis : Ce sérial composé de 12 épisodes débarque à la fin de l’année 1944 aux Etats-Unis. Le public français a pu le découvrir quelques années plus tard à partir du 28 juillet 1948 sous la forme de deux époques distinctes d’environ 1h30 (Zorro le vengeur masqué suivi de Zorro et la femme au masque noir). Ce sont les studios hollywoodiens Republic pictures (créés par Herbert J. Yates en 1935), spécialisés dans la série B mineure à petit budget (dont beaucoup de westerns) qui donnèrent naissance à ce serial. Parmi leurs plus grands succès, on peut citer Iwo Jima d’Allan Dwan ou encore Rio Grande et L’Homme tranquille de John Ford.
Mais revenons-en aux serial et au personnage de Zorro que l’on peut considérer comme l’un des premiers grands héros masqués modernes (créé en 1919 par Johnston McCulley d’après le roman The Curse of Capistrano). La Republic a déjà produit en 1937 et 1939 deux autres serial en 12 épisodes mettant en scène le personnage. elles connurent un réel succès, il s’agit du Retour de Zorro et de Zorro et ses légionnaires.

Zorro et le vengeur maqué qui nous intéresse possède plusieurs particularités. En effet, dans ce film l’actrice Linda Stirling (qu’on surnomma la "Pearl white des années 40") interprète la seule Zorro féminine de toute l’histoire du cinéma et on relèvera qu’à aucun moment le nom de "Zorro" ne sera prononcé (on ne le retrouve que sur l’affiche). Le vengeur masqué est nommé "Black Whip" que l’on peut traduire par "fouet noir" mais qui sera pourtant appelé "masque noir" dans les sous-titres de cette édition. Autre originalité, c’est de voir une femme héroïne d’une telle production, chose rare voire carrément nouvelle pour l’époque puisqu’elle prendra le dessus sur les hommes dans diverses situations.
Les serial sont dans leur majorité produits à la chaîne et font souvent preuve d’assez peu d’inventions dans la réalisation, pourtant ici, Wallace Grissell et Spencer Gordon Bennet parviennent à tirer leur épingle du jeu derrière la caméra en proposant au spectateur un visuel souvent digne de productions plus consistantes de l’époque. Les rebondissements s’enchaînent avec un rythme soutenu où l’on retrouve quasiment à chaque épisode une bonne vieille bagarre aux poings et une course poursuite à cheval animée par le son des colts (elles se ressemblent souvent comme deux gouttes d’eau).
On notera que contrairement à plusieurs autres versions du personnage, notre vengeresse masquée utilise ici essentiellement le fouet au corps à corps et non pas l’épée comme il est souvent coutume de le voir, notamment dans la version produite par Disney entre 1957 et 1961.

Les protagonistes n’hésitent pas à redoubler de malice pour conserver et protéger leur secret (Barbara Meredith alias Black Whip d’un côté, Dan Hammond le boss de la bande des brigands de l’autre). Sans être d’un niveau des plus élevés, le scénario tient la route et parvient à emballer le spectateur jusqu’au dénouement final. Le jeu des acteurs principaux (Vic Gordon, Barbara Meridith, Dan Hammond) passe sans trop d’encombre alors que celui des rôles secondaires apparaît plus inégal comme les seconds couteaux de Hammond et surtout Tenpoint (le personnage qui s’occupe de l’impression du journal local), puisqu’il a tendance à surjouer les bouffons de service dans le seul but d’amuser la galerie.
Au final l’ensemble s’avère divertissant bien que souffrant d’un léger manque de profondeur (une spécificité toutefois récurrente dans le genre). Zorro le vengeur masqué reste un serial tout à fait regardable qui devrait plaire aux amateurs du genre.

LE TEST DVD :
Bach films a décidé de soigner l’édition de sa collection sérial qui tient plutôt bien la route d’un point de vue technique.

Les suppléments :

Un entretien avec Roland Lacourbe (spécialiste en cinéma qui dirige la collection serial chez Bac Films) d’une dizaine de minutes nous est proposé en guise de bonus. Un peu court mais bourré d’anecdotes plus intéressantes les unes que les autres sur un type de films proche du feuilleton et souvent méconnu.

L’image :

Seul un format 4/3 en noir et blanc nous est proposé dans cette édition. La restauration est vraiment correcte pour un film qui date des années 40. Quelques légers parasites de la pellicule d’origine sont encore présents mais ne gâchent en rien le visionnage de ce serial. Au final pour un film de cette époque cela reste très correct visuellement.

Le son :

On ne pourra suivre l’histoire qu’en VO anglaise sous titrée en français. Le son mono ne craque pas. On remarque qu’il est même doté d’une belle clarté même si, de temps à autre, une baisse de l’intensité sonore se ressent sur certains dialogues durant quelques instants.