Le 2 février 2006
Charlie et la chocolaterie constitue sans conteste ce que le réalisateur de Ed Wood a mis en boîte de plus mauvais à ce jour.
Indigestion de bonnes intentions, crise de foie oblige. Ceux qui ont été frustrés par La planète des singes et - dans une moindre mesure - le pourtant superbe Big fish ne risquent pas de trouver, avec ce nouvel opus, le Tim Burton de naguère intelligent et sensible, mais celui d’aujourd’hui, cynique et désabusé. Peu importe la potentielle fidélité du film avec le roman originel de Roald Dahl : Charlie et la chocolaterie constitue sans peine ce que le réalisateur de Ed Wood a mis en boîte de plus mauvais à ce jour. Principalement parce que Burton se fond dans l’univers faussement sucré de l’écrivain et zappe les ambiguïtés pour fondre son chocolat dans la niaiserie.
Passé une première demi-heure appétissante où le cinéaste pose les bases de son conte, le reste du métrage, qui correspond à la visite des enfants dans la fabrique de chocolat, récuse la progression psychologique, laisse les personnages s’agiter dans un écrin pesamment artificiel (profitons des joies du numérique) et mue son histoire en comédie musicale abominable qui prétend parodier Disneyland. Or, il s’agit d’un grand bain de poésie mièvre dans lequel Johnny Depp défie les lois du cabotinage. Les enfants font du surplace et (surtout) la musique de Danny Elfman semble s’auto-parodier. On ne retrouve à aucun moment l’inquiétude, l’ambiguïté et surtout l’imaginaire burtoniens et, pire, la perversité latente du bouquin. Summum de mauvais goût : à partir du moment où le cinéaste lance des clins d’œil inappropriés à 2001 : l’Odyssée de l’espace, il coule dans le plomb tout espoir de cinéma. Son Charlie et la chocolaterie ne serait alors qu’une longue pub pour Kinder doublée d’une morale consensuelle sur la famille comme seul un sous-Spielberg aurait pu nous l’asséner ? Oui. C’est aussi l’arrêt de mort d’un des cinéastes les plus inventifs et brillants de ces vingt dernières années. Le deuil va être douloureux.
Le DVD
Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Une bonne dose ludique dégouline de cette édition collector grâce à de petits modules ultra-efficaces et plaisants. On retiendra surtout le bonus sur l’attaque des écureuils, où l’on mesure la difficulté de dresser ces petites saletés (sauvages et même pas toujours intelligentes). Du coup, Tim Burton a eu recours à toutes les techniques de trucages pour filmer cette scène : animatronic, effets numériques, cascadeur avec une prothèse faciale pour remplacer la jeune Verruca. Autre sujet sidérant, Devenir un Oompa-Loompa dans lequel on découvre le travail harassant effectué par le grandiose Deep Roy. Surtout dans la mesure où il pensait au début de la production qu’il y aurait d’autres acteurs pour jouer la horde des Oompa-Loompas. De fait, il a dû apprendre à danser, chanter, jouer de divers instruments et vivre des journées de tournage de plus de quinze heures parfois. Enfin, Danny Elfman, compositeur d’exception, revient aussi sur sa collaboration avec Tim Burton. Toujours impressionnant de voir un génie dévoiler ses secrets de fabrication. D’autres modules moins captivants expliquent en détail les coulisses de ce conte coloré : effets spéciaux, choix des acteurs, les libertés prises sur les écrits de Roald Dahl, etc.
Image & son : Du grand art délivré par l’éditeur Warner. On se régale les mirettes avec toutes ces couleurs éclatantes, voire criardes, qui se marient divinement en fonction des différents univers du film. Aucune faute de goût dans cette palette multicolore à l’excellente saturation. Le son ne fait pas dans la dentelle non plus avec une piste DTS qui ravira tous les inconditionnels de Danny Elfman : une exploitation sans pareil de tous les canaux, surtout pendant les chansons des Oompa-Loompas.
Galerie photos
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