Le 15 juin 2016
Iosseliani signe un film tendre et poétique, à son habitude.
- Réalisateur : Otar Iosseliani
- Acteurs : Rufus, Pierre Étaix, Amiran Amiranashvili, Mathias Jung, Claudine Acs
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Les Films du Losange
- Editeur vidéo : Blaq Out
- Durée : 1h57mn
- Date de sortie : 25 novembre 2015
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Résumé : Certaines ressemblances sont troublantes. Ainsi celle de ce vicomte guillotiné, pipe au bec, pendant la terreur, d’un aumônier militaire au torse tatoué comme un truand et baptisant à la chaîne des militaires, pilleurs et violeurs, avec un clochard parisien réduit à l’état de planche par un rouleau compresseur et finalement d’un concierge lettré - mais aussi trafiquant d’armes - d’un gros immeuble. Presque tous les personnages du film se croisent dans cet immeuble, sauf bien sûr les sans-abri que les flics transbahutent d’un lieu à l’autre sans ménagement. Et pourtant, au milieu de tout ce chaos, il y a des espaces de rêve, des histoires d’amour, de solides amitiés qui peut-être nous permettent d’espérer que demain sera mieux qu’aujourd’hui.
Critique : Il est des films dont on sait à l’avance ce qu’ils vont nous proposer ; ceux d’Iosseliani, au contraire, voient leur scénario difficilement décrits, tant leur divagation poétique, qui les rend irracontables, joue sur l’inattendu et parfois le saugrenu. Dans Chant d’hiver, le cinéaste reste fidèle à ses partis pris habituels (caméra éloignée, plans longs, rôle secondaire des dialogues, musique essentiellement diégétique) pour parler à sa manière de notre époque. Il utilise Rufus dans plusieurs personnages, le faisant régulièrement mourir, que ce soit sous la guillotine ou un rouleau compresseur (!) ; d’autres acteurs réapparaissent, comme une humanité toujours recommencée et toujours diverse.
- Copyright Niko Tarielashvil
Iosseliani aime ces gens de peu, toujours prêts à chanter, et les regarde avec tendresse ; même les voleuses ne font que jouer et rendent le produit de leurs larcins. Certes, il enregistre la violence du monde, mais c’est pour mieux la désamorcer : les soldats tombent théâtralement, le pillage est constitué d’objets sans valeurs, et le cadavre de Rufus aplati est passé sous la porte. C’est que, même dans ces moments brutaux, sa foi en l’homme ne faiblit pas.
Mais plus que tout, le cinéaste aime, à la manière de ses maîtres Tati et Etaix (qui apparaît dans le film), suivre des personnages et les plonger dans des situations délicieusement incongrues (une porte qui s’ouvre sur un jardin, des soldats regroupés autour d’un piano). C’est même dans l’inversion du monde qu’il est le plus à l’aise : chez lui, les nobles fouillent les poubelles. Il réserve de légers coups de griffes à la police, aux téléphones portables qui ruinent les rêves ou aux ridicules fashion victims, sans se départir d’une distance respectueuse.
- Copyright Niko Tarielashvil
On peut se sentir décontenancé par ces suites de séquences passant parfois du coq à l’âne, par le refus d’explications psychologiques. Mais en laissant de côté ses habitudes, on peut aussi se laisser aller à suivre ces rêveries légèrement désuètes et, comme Iosseliani, à voir des détails avec un œil neuf, poétique et tendre.
- Copyright Niko Tarielashvil
Le test DVD
Les suppléments :
Dans un délicieux entretien, le cinéaste, un peu comme dans son film, va de digression en digression. On en saura néanmoins beaucoup sur sa conception du cinéma, sa technique (story-board, refus des champs-contrechamps et des gros plans) et ses influences (Tati, Clair) en à peine 18 minutes. Rufus, dans l’autre entretien, parle de Iosseliani, de ses méthodes (et de la vodka) tout en livrant sa vision du film (9 minutes). Le DVD propose aussi des extraits du story-board, qui méritent pour être goûtés des arrêts sur image.
L’image :
La copie restitue honnêtement une image volontairement assez fade. Rien de déshonorant, mais un léger manque de finesse.
Le son :
Les deux pistes (2.0 et 5.1) mettent en valeur un travail important sur les bruitages ; de même les rares dialogues gardent toutes leurs nuances.
– Sortie DVD : le 9 juin 2016
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