Le 8 juillet 2021
Une incursion étayée et intéressante dans la vie de deux artistes majeurs du XIXème siècle, malheureusement freinée dans sa magnificence par une réalisation inégale.
- Réalisateur : Danièle Thompson
- Acteurs : Guillaume Canet, Déborah François, Guillaume Gallienne, Isabelle Candelier, Alice Pol
- Genre : Comédie dramatique, Biopic
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution, Orange Studio
- Durée : 1h56mn
- Date télé : 16 juillet 2021 22:35
- Chaîne : Chérie 25
- Date de sortie : 14 septembre 2016
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Résumé : Ils s’aimaient comme on aime à treize ans : révoltes, curiosité, espoirs, doutes, filles, rêves de gloire, ils partageaient tout. Paul est riche. Emile est pauvre. Ils quittent Aix, « montent » à Paris, pénètrent dans l’intimité de ceux de Montmartre et des Batignolles. Tous hantent les mêmes lieux, dorment avec les mêmes femmes, crachent sur les bourgeois qui leur rendent bien, se baignent nus, crèvent de faim puis mangent trop, boivent de l’absinthe, dessinent le jour des modèles qu’ils caressent la nuit, font trente heures de train pour un coucher de soleil... Aujourd’hui, Paul est peintre, Emile est écrivain. La gloire est passée sans regarder Paul. Emile lui a tout : la renommée, l’argent, une femme parfaite que Paul a aimé avant lui. Ils se jugent, s’admirent, s’affrontent. Ils se perdent, se retrouvent comme un couple qui n’arrive pas à cesser de s’aimer
Critique : De La bûche au Code a changé, en passant par Fauteuils d’orchestre, Danièle Thompson nous avait jusqu’alors habitués à des réalisations contemporaines enlevées et souvent joyeuses. Décontenancée par le semi échec de sa dernière comédie, Des gens qui s’embrassent, elle décide de changer de registre et se lance dans une aventure artistique à la beauté indéniable tant littéraire que picturale. Grâce aux chromos éclatants du talentueux directeur photo Jean-Marie Dreujou, les couleurs de la Provence sont sublimées comme elles l’ont rarement été. Il ne manque que l’odeur du thym et de la lavande pour que l’on se sente en parfaite osmose avec ce tableau impressionniste.
- Copyright Luc Roux
Pendant plus de dix ans, Danièle Thompson traque le moindre détail sur la brouille de ces deux personnages historiques. Elle prend des tonnes de notes, noircit moult cahiers et nous offre ainsi un récit truffé d’anecdotes inédites et passionnantes, saupoudré de dialogues fins. Le fil rouge du biopic est la dernière rencontre supposée entre Zola et Cézanne en 1888 à Médan, chez l’auteur naturaliste. En choisissant de nous dérouler cette amitié chaotique à coups d’incessants flashback, la réalisatrice évite une chronologie classique souvent ennuyeuse. Et pourtant, c’est là que le rythme se brise, tout comme le destin de ces deux hommes que tout oppose.
- Copyright Luc Roux
Zola est un fils de pauvres qui se transforme en un bourgeois établi, parfaitement installé entre femme et maîtresse, au succès reconnu. Cézanne, issu d’une famille aisée, en conflit permanent avec son père, sans le sou et méprisé par ses contemporains, végète dans la marginalisation. Il vit avec une femme qu’il n’épouse pas et martyrise. Son succès tout comme sa fortune ne viendront que tardivement. La jalousie et la rancœur ne manqueront pas de gangrener cette belle amitié fragile.
- Copyright Luc Roux
En prenant le parti de favoriser le personnage de Cézanne, la réalisatrice déséquilibre le jeu. Bien sûr, Cézanne, porté par un Guillaume Gallienne à la fougue inaltérable et dont on peut juste déplorer l’accent provençal ne sonnant pas toujours juste, apporte l’exacte intensité dramatique dont le film se nourrit grâce à ses excès de colère, son caractère difficile, sa mauvaise foi et sa sensibilité exacerbée d’artiste. Du coup, il éclipse en partie Zola à la personnalité trop lisse, pourtant incarné avec justesse par Guillaume Canet, méconnaissable sous sa barbe drue.
Les ruptures continuelles entre émotion et passivité finissent par avoir raison de l’attention du spectateur. Nos deux artistes ne pouvaient vivre qu’entourés de femmes, ce qui nous permet de nous régaler d’une pléiade de rôles féminins secondaires mais de grande qualité, apportant tendresse et stabilité à cet univers parfois explosif. Au final, on retiendra de ce film légèrement de guingois le bel éclairage qu’il apporte sur l’attachement tourmenté de deux personnages hors du commun de notre patrimoine culturel.
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