Ces jours qui disparaissent - La chronique BD

L’histoire est celle de Lubin Maréchal, artiste-acrobate d’une vingtaine d’années, qui après un entraînement se cogne la tête et se réveille le surlendemain. Il comprend rapidement qu’une autre personne prend possession de son corps les jours où il ne se réveille pas. Pensant être atteint de schizophrénie il consulte un médecin et prend contact avec sa seconde identité. Leur dualité est évidente : le premier Lubin, l’artiste, est optimiste, léger et insouciant alors que le second Lubin, le double, est raisonné, organisé et indolent. Ce double devient progressivement un ennemi qui prend de plus en plus de place en empêchant le vrai Lubin d’exister. Les jours pendant lesquels il vit sont de moins en moins fréquent en passant d’une fois par semaine, à une fois par mois, puis une fois par an.

L’auteur raconte, au travers de Lubin, comment l’adulte chasse progressivement mais inéluctablement l’enfant qui est en lui. A mesure que l’histoire progresse on se demande combien de fois va encore apparaître l’enfant, dans quelles circonstances et dans quels contextes. Les ellipses temporelles permettent de faire vivre la part adulte de Lubin tout en laissant au lecteur la possibilité de l’imaginer. On ne se focalise ainsi que du point de vue de l’enfant qui cherche à comprendre comment avoir de l’importance aux yeux de son alter-ego.

Par ailleurs, les personnages secondaires sont modernes (une infirmière à barbe va soigner Lubin et sa sœur vit en « trouple » avec deux femmes), ce qui donne au récit un caractère actuel sans être, pour autant, militant. On ne questionne pas ces personnages sur leur vie, elle n’est qu’un fait.

Ce récit initiatique pose aussi la question de la place, de sa place, que l’on a ou que l’on aimerait avoir. N’être reconnu par personne peut laisser la folie ou la névrose s’installer et s’embraser.