Le 8 juin 2016
Serge Avedikian nous livre ici une comédie pleine de légèreté sur des sujets graves, sans pour autant tomber dans le pathos.


- Réalisateur : Serge Avédikian
- Acteurs : Patrick Chesnais, Arsinée Khanjian
- Genre : Comédie dramatique
- Distributeur : Les Acacias
- Durée : 1h30 mn
- Box-office : 30.150 (France) / 19.234 (Paris / P.P)
- Date de sortie : 8 juin 2016

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L’argument : Jean-Paul Bolzec était parti jouer son spectacle pour une société française installée en Azerbaïdjan. Sur le chemin du retour vers l’aéroport, le taxi tombe en panne. Bolzec est abandonné sur une route désertique, au milieu de nulle part. Sans s’en rendre compte, il franchit à pied la frontière avec l’Arménie, en guerre larvée avec son voisin l’Azerbaïdjan depuis des années.
Clandestin dans un pays qu’il ne connaît pas, dont il ne parle pas la langue et ne lit pas l’alphabet, il comprend assez vite qu’on le prend pour un autre, car il est fêté comme le messie…
Notre avis : Le premier plan dévoile un paysage bucolique sur fond de montagnes et... de tirs de Kalachnikov. On se situe dans une région de l’Arménie, proche de l’Azerbaidjan où un comique de one-man-show français, perdu dans ce milieu hostile, est pris pour un espion. Ne parlant pas arménien, et les autochtones ne manipulant pas le français, Bolzec, ce héros malgré lui, sera au fil du temps accueilli comme le sauveur par les locaux. De ce postulat de départ qui aurait pu être dramatique, Serge Avedikian tire une comédie jouissive sur fond d’incommunicabilité, où le choc des cultures procure moult plaisirs.
Copyright Arthur Arzoyan - Moby Dick Films
Le postulat de comédie pour évoquer avec légèreté des problèmes graves, en prise directe, avec l’actualité, fonctionne. Le génocide arménien est évoqué mais sans que se pose la nécessité de s’appesantir lourdement dessus. Ici point de pathos, mais le talent d’un homme. Patrick Chesnais porte le film de sa stature de dégingandé, pince sans rire, sceptique, avec le brio et la maestria dont il fait toujours montre. On s’esbaudit à son jeu tout en finesse et délicatesse. Au sommet de son art, d’un jeu économe et subtile, il apporte une richesse truculente à son personnage.
Copyright Arthur Arzoyan - Moby Dick Films
Serge Avedikian dont c’est le second film après le remarquable Le scandale Paradjanov ou la vie tumultueuse d’un artiste soviétique et acteur dans de nombreux films, entre autres Agents secrets, L’armée du crime ou Le voyage en Arménie, signe là une comédie authentiquement jubilatoire nous prouvant que l’on peut aborder des sujets sérieux sans forcément plomber le moral des troupes de spectateurs, en alternant humour et gravité, légèreté et compassion, dans un subtil dosage. Aussi, Celui qu’on attendait est à recommander sans modération en ces temps de haute morosité.
Copyright Arthur Arzoyan - Moby Dick Films