Le 8 mars 2023
Un seul en scène qui remonte le temps pour explorer, à travers l’héritage familial, le destin du monde.
- Acteur : Laetitia Strus
- Durée : 1h20mn
- Auteur : Lucas Andrieu
- Metteur en scène : Lucas Andrieu
- Genre : Seul en scène
- Salle de Théâtre : Théâtre de la Contrescarpe
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Résumé : 15 Mai 2019 : Clara a vingt-cinq ans. Elle est étudiante. Elle ressent un besoin de s’exprimer : sur elle, son passé, sa famille... 15 Mai 1919 : Rosina a quinze ans. Elle vit à Aurigo, un petit village reculé du nord de l’Italie, dans un pays au fascisme naissant. Elle ressent le besoin de s’enfuir... Quel lien unit ces deux jeunes femmes nées à un siècle d’intervalle ? Cette remontée dans le temps ravive des souvenirs qui semblent enfouis et pourtant toujours aussi présents.
Critique : « Oublier ses ancêtres, c’est être un ruisseau sans sources, un arbre sans racines. » Un proverbe chinois que ne renierait sans doute pas Clara (Laetitia Strus), une jeune femme moderne qui commence son spectacle en rappelant que nous avons tous un passé familial et individuel, façonné d’épreuves endurées, d’événements cachés, heureux ou malheureux, qui font de chacun d’entre nous ce que nous sommes aujourd’hui. Poussant le raisonnement jusqu’au bout, elle évoque bébé Hitler qui sans aucun doute à l’âge de trois ans, n’avait pas encore l’intention d’exterminer la moitié de l’Europe... Alors, la violence de son père, la mort de sa mère alors qu’il n’est qu’un adolescent, son échec au concours des Beaux-Arts de Vienne en 1908 ou le mépris affiché des vainqueurs à l’égard de l’Allemagne vaincue en 1918 auraient-ils constitué un nombre assez grand de frustrations pour engendrer le monstre qui a mis le monde à feu et à sang ?
- Copyright Fabienne Rappeneau
Ces bases étant posées, il est temps d’aborder le sujet de manière concrète. Pour cela, quoi de mieux que de dérouler le parcours de vie de Rosina, son arrière-grand-mère (en réalité l’arrière-grand-mère de l’auteur), née en 1904 dans un tout petit village d’une Italie miséreuse où les bruits de botte se font déjà entendre jusqu’à ce l’arrivée d’un certain Benito Mussolini ravage une partie de son entourage familial et amical et la pousse à rejoindre la France avec sa sœur ? Là, elle connaît le racisme ordinaire et les brimades. Cependant, mue par un appétit de vivre et une soif d’indépendance insatiables, elle installe son bonheur au pays de la liberté jusqu’à ce qu’à nouveau le nazisme bouscule tout.
- Copyright Fabienne Rappeneau
Évoluant au milieu d’un savant agencement de caisses en bois qu’elle déplace comme autant de dates sur un calendrier imaginaire, alternativement vêtue de la robe gentiment désuète de la jeune paysanne du début du XXe siècle, puis du short et du tee-shirt de l’étudiante du XXIe siècle, agréablement soutenue par la musique de Manon Hincker, Laetitia Strus, transmet avec une égale conviction le désir de confort et d’émancipation de l’une et les interrogations écologiques, sociales et politiques de l’autre.
Servi par l’interprétation tout en nuances de la jeune comédienne au talent prometteur, le texte ciselé et vivant de Lucas Andrieu se déguste à petites lampées. Mais c’est dans la partie finale qu’il atteint son intensité, rappelant que la haine (aujourd’hui insidieusement distillée à travers les réseaux sociaux et les informations tronquées), les divisions et le cynisme ont toujours servi de creuset aux régimes extrémistes et aux politiques mal intentionnés. Croire que les horreurs du passé sont à tout jamais enfouies équivaut à un dangereux aveuglement.
S’il est fort à parier que jamais le monde ne changera, il est probable que la découverte de cette pièce nécessaire modifie imperceptiblement notre regard sur le monde.
- © Théâtre de la Contrescarpe
Théâtre de la Contrescarpe - 5 rue Blainville - 75005 Paris
le samedi à 18h30 jusqu’au 27 mai 2023
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