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Le 26 avril 2005


Un écrivain au jour le jour. Entre liste des courses et chefs-d’œuvre en devenir.
Un écrivain au jour le jour. Entre liste des courses et chefs-d’œuvre en devenir.
Des Carnets de Tchekhov ne nous étaient parvenus en français qu’une poignée de citations, célèbres pour certaines ("Si vous craignez la solitude, ne vous mariez pas"), mais qui ne disaient rien de ces étonnants documents. Lesquels n’étaient, il est vrai, pas destinés à être publiés. Ils le sont désormais dans leur traduction française et le lecteur de Tchekhov aurait tort de s’en priver.
Ces carnets, Tchekhov en tint trois. Un de 1891 à sa mort, les deux autres de 1891 à 1896 et de 1897 à 1904. De ces deux-là, très factuels, Tchekhov recopia quelques fragments dans le premier, de loin le plus intéressant des trois. S’y succède une avalanche de notes, de listes, de titres, de pensées, de sujets à peine esquissés, plus appuyés aussi. Fourmillant de commentaires et complétée de notes manuscrites de l’auteur, cette remarquable édition permet de replacer chaque ligne dans son contexte.
Ce qui ressort de ce recueil fait de bric et de broc ? L’image très nette d’un écrivain à l’écoute du monde, pas le grand (l’histoire est peu présente), le petit, le quotidien, le presque rien qui renferme parfois un grand tout. "Il n’avait été heureux qu’une fois dans sa vie : sous un parapluie." Des mots jetés secs, concis, bruts, annonçant les nouvelles et les pièces écrites dans la foulée.
L’humour est là, lui aussi, absurde ("Trois coings. Un coup de feu les fait tomber tous les trois. Pourquoi ? Une coïn-cidence."), tout autant que cette vie à laquelle Tchekhov avait cessé de chercher un sens. Mais les raisons de vivre, elles - et ces Carnets le rappellent à chaque page -, ne lui ont jamais manqué : "L’homme n’a besoin que de trois mètres de terre. L’homme ? Non, le cadavre. L’homme a besoin du globe terrestre tout entier."
Anton Tchekhov, Carnets (traduit du russe par Macha Zonina et Jean-Pierre Thibaudat), Christian Bourgois, 2005, 328 pages, 23 €