Captain America : Steve Rogers T.2 - La chronique BD

Le tremblement de terre annoncé par Marvel se confirme, Captain America est de retour mais il œuvre en secret pour la gloire de l’Hydra et il va prendre le contrôle du pays ! Comment cette double prise de contrôle a-t-elle été possible ?
L’événement a eu un échos sans précédent dans la communauté de fans, à tel point que les auteurs ont dû justifier leur choix. Cette série s’inscrit dans ce contexte et participe à tempérer le choc suscité par la sortie des premiers volets de Secret Empire. Elle fait partie des séries qu’on pourrait appelé "satellite" et vient combler les espaces laissés par les "grandes" sagas Marvel. Ces arcs majeurs mettent en scène un grand nombre de protagonistes et laissent la place à des arcs parallèles. Là où celle-ci est plus complexe c’est qu’elle s’étend sur une longue période et navigue entre plusieurs arcs précédant Secret Empire dont elle est l’introduction. Elle a même l’audace de réécrire parfois la signification de certains événements à la lumière d’un Steve Rogers duplice.

Ce nouvel éclairage est par ailleurs agrémenté de flashbacks explorant la jeunesse "réécrite" du héros. Cette ’origin story’ permet de donner corps à ce nouveau personnage et dessine les contours d’un homme droit au caractère et aux conflits intérieurs proches de la version classique du héros. L’auteur Nick Spencer livre sa version personnalisée du Red Son de Mark Millar qui s’appliquait à explorer une piste uchronique d’un Superman élevé en URSS.
Le timing n’est pas anodin non plus... On peut déceler un parallèle assez savoureux entre un Steve Rogers au service d’une ligue nazi et l’arrivée au pouvoir de Donald Trump dont le secret (pas si) bien gardé serait ses amitiés avec les mouvements white supremacists.

Au-delà du sous-texte, ces deux tomes font office de trait d’union entre les sagas mais s’avèrent plaisants pour ceux qui connaissent les rouages dans lesquels l’histoire vient s’intercaler. Le premier opus était un concentré d’action et de péripéties tandis que le second laisse la place aux longs monologues, en particulier dans la partie consacrée au procès de Maria Hill. Il y a certes des longueurs mais l’ensemble est heureusement assez rythmé. C’est l’occasion aussi d’équiper le héros d’un nouveau bouclier, après que l’historique ait été offert à Sam Wilson. Ce nouveau bouclier pointu est un hommage au design d’origine de 1940 et incorpore de nouveaux gadgets comme le fait de se séparer en deux ou une lame laser sur la pointe.

Coté illustration, l’alternance des différents dessinateurs est toujours un peu perturbante mais elle apporte aussi un plus lorsque c’est justifié par un changement narratif (les flash blacks par exemple). On apprécie les découpages soignés et le travail sur les couleurs ainsi que le trait de Rod Reis dans ce qui constitue un épilogue inquiétant de Civil War II.
Cette saga n’est pas incontournable pour les novices mais offre une belle étape avant de s’attaquer à Secret Empire...