Le 21 mai 2015

- Festival : Festival de Cannes 2015
Jacques Audiard a présenté aujourd’hui Dheepan, Hou Hsiao-hsien The Assassin et Gaspar Noé Love. Une journée partagée entre drame, arts martiaux et romances matinées d’érotisme, avec éjac faciale 3D tout de même...
Jacques Audiard a présenté aujourd’hui Dheepan, Hou Hsiao-hsien The Assassin et Gaspar Noé Love. Une journée partagée entre drame, arts martiaux et romances matinées d’érotisme, avec éjac faciale 3D tout de même...
Neuvième jour de compétition et déjà, comme un parfum de crépuscule envahit la Croisette. Après une semaine passée à Cannes, Salma Hayek, l’interprète de Tale or Tales, vient de plier bagages. Tristesse. Jacques Audiard, lui, attendait patiemment son tour. Son dernier film, Dheepan, raconte l’histoire d’une femme, d’un homme et d’une enfant qui, bien que ne se connaissant pas, feignent d’être une vraie famille pour gagner la France et ainsi échapper à la guerre civile frappant le Sri Lanka. Au départ, raconte le réalisateur d’Un Prophète, l’idée était de mettre en scène un remake de Chiens de pailles, bien que le résultat n’ait désormais plus rien à voir et relève davantage des Lettres persanes de Montesquieu. Si le sous-texte politique n’est pas l’objectif premier d’Audiard, ce dernier estime que le fait d’aborder le conflit tamoul sous l’angle de la fiction fait figure d’engagement. À savoir si les aficionados de Serge Daney ne verront pas cette position en léger retrait d’un trop mauvais œil.
Hou Hsiao-hsien, qui était probablement le dernier grand réalisateur chinois à ne pas s’être essayé au film d’art martial et de sabre (le fameux wu xia pian), a présenté ce jour The Assassin, fresque se déroulant au IXe siècle. L’histoire d’une justicière spécialisée dans les exécutions de grands manitous sans foi ni loi, qui après des années d’exil, est tenue d’abattre son grand amour. Les retours sont pour l’heure très partagés, avec d’un côté des spectateurs vantant les mérites d’une image ahurissante mais dont le récit anesthésie. Tandis que d’autres crient au chef d’œuvre et annoncent la Palme d’or à venir. Rappelons que l’actrice Shu Qi joue pour la troisième fois avec HHH, après Millenium Mambo et Three Times.
Ils étaient nombreux, cette nuit, à la projection de minuit de Love, de Gaspar Noé. Chose rare pour ce type de projection, des dizaines de festivaliers n’ont pu assister à la présentation. Certains critiques américains notent que la dimension de transgression n’est pas aussi irrévérencieuse qu’escomptée, et que les plans ne sont pas si époustouflants. Reste une certitude : le cinéaste argentin ose tout, et rien n’est simulé dans son film. Si celui-ci peut déjà se vanter d’être le tout premier réalisateur de film à pouvoir présenter un porno 3D à Cannes, il insiste pour placer Love sous le signe des troubles amoureux. Et rappelle que bien des réalisateurs, comme Pasolini ou Buñuel, était passés par là bien avant lui. En parlant de son long métrage, il ajoute en conférence de presse : "je le trouve pas transgressif, même l’éjac faciale elle est joyeuse". Une chose est sûre, le bougre est passé maître dans l’art de la provoc ; la critique n’a pas été tendre avec lui.
L’anecdote du jour : Mad Max : Road Fury, présenté hors compétition à Cannes en Jour 2, cartonne si bien en France qu’il s’est emparé de la première place et double l’indétrônable The Avengers : l’ère d’Ultron, qui était resté 3 semaines au sommet. Pas moins de 900.000 entrées en moins d’une semaine pour l’ami Tom Hardy, un score plus qu’honorable, c’est un carton. La tête haute, d’Emmanuelle Bercot, ouverture de Cannes 2015, ne démérite pas non plus avec ses 250.000 entrées.
Vendredi, dixième journée du 68e Festival de Cannes, seront entre autres projetés Chronic, de Michel Franco (le réalisateur du cruel Despúes de Lucia), et Valley on Love de Guillaume Nicloux, qui marque le retour à l’écran du duo Gérard Depardieu - Isabelle Huppert. Preuve que ce festival en garde peut-être encore un peu dans le sac.
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