Le 25 mai 2017
- Réalisateurs : David Lynch - Joshua Safdie - Sergei Loznitsa - Ben Safdie - Mark Frost
- Festival : Festival de Cannes 2017
Neuvième journée de compétition du Festival de Cannes et la sélection tarde encore à dévoiler le film qui mettra tout le monde d’accord. En attendant, Sergei Loznitsa a présenté "Une Femme Douce", librement adapté de Dostoïevski, et les Frères Safdie leur film de braquage "Good Time". Tandis que Lynch réalisait un autre hold-up avec le début magique de sa saison 3 de "Twin Peaks".
Plus les jours de compétition passent, et plus il apparaît difficile de ne pas confronter la sélection 2017 avec la cuvée 2016. D’un côté une masse a priori prestigieuse mais en définitive plutôt informe, de l’autre des joyaux qui brillent toujours avec incandescence – quid en comparaison l’an passé de Ma Loute, Aquarius, Rester Vertical, Julieta ? Pire : même les films les plus faibles de l’an passé détrônent la plupart des moins ratés de la 70e édition. L’on avait tendance ces dernières années à reprocher la piètre qualité des sélections de la Mostra ou de la Berlinale. Fort est de constater que Cannes, à son tour, ne fait pas vraiment mieux. Est-ce à dire que la qualité générale du cinéma tend à baisser ? Difficile de se prononcer, mais il est certain que le politique ou la satire sociale n’ont depuis longtemps pas trouvé d’illustrations aussi complaisantes. Voir pour s’en convaincre les Lanthimos, Mundruzco, Haneke… cinéastes pourtant attendus au tournant.
Adapté librement de la nouvelle "La Douce" de Fiodor Dostoïevski, Une femme douce convoque fallacieusement l’héritage du film éponyme réalisé par Robert Bresson en 1969 avec Dominique Sanda - la reprise du titre n’est d’ailleurs pas un hasard - pour mieux s’en détourner radicalement. Jusqu’ici, son réalisateur Sergei Loznitsa avait à travers ses scénarios surtout su créer une tension à partir de dilemmes moraux, mais sans pour autant introduire la rupture de ton à même de susciter la surprise. À ce petit jeu, Une Femme Douce accomplit quelques prouesses que le film s’empresse dans le final de saborder. Entre Kafka et Dosto, cette réussite formelle se noie ainsi dans une lourdeur de scénario étrange.
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Lire notre critique du film de Une femme douce.
Deux fois Jennifer Jason Leigh
La hype plutôt légitime suscitée par Mad Love in New York aura sans doute permis d’imposer Ben et Josh Safdie parmi les cinéastes US indépendants les plus audacieux du moment. L’arrivée du duo en compétition du 70e Festival de Cannes fait à ce titre figure de continuité. D’autant que les deux hommes avaient déjà arpenté la Croisette deux fois : une première en 2008 pour dévoiler The Pleasure of Being Robbed à la Quinzaine des Réalisateurs, et une seconde en 2009 dans la même section pour la première de Lenny and the Kids. Avec son grain d’image baveux et ses cadrages volontairement imprécis, Good Time ne déroge pas à leur esthétique, bien que la formule arty soit cette fois assortie d’une tonalité de série B avec son braquage et ses poursuites - on pense à un faut buddy movie rentré en collision avec le genre du mélodrame. Bien que plus lisse qu’à l’accoutumée, le film semble en bonne voie de devenir l’un des meilleurs des frères réalisateurs, avec en guest star Jennifer Jason Leigh - également présente dans le sidérant Twin Peaks saison 3.
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Lire notre critique du film Good Time.
Lynch et sa "contre-soirée", évènement à lui tout seul
Si les premiers épisodes de la saison 3 de Twin Peaks n’étaient projetés qu’en guise d’évènement du 70e Festival de Cannes, ces derniers ont largement occupé l’espace laissé vacant par le manque d’aspérité de la compétition. Aussi, David Lynch a récemment affirmé au Sydney Morning Herald – avec un sens du timing il est vrai un peu trop étudié – qu’il ne reviendrait plus jamais au cinéma. Pas grave : son œuvre regorge d’une part de films toujours entrelacés dans son réseau d’images, et mieux encore sa troisième saison de Twin Peaks se présage comme un film de 18h. Comme si Inland Empire n’avait jamais été qu’une ébauche exempte de prises de risque. Dale, Laura, Leland, la Red Room, le Géant... tout le monde est de la partie, avec en sus de nouveaux arcs narratifs et personnages complètement barrés et jouissifs. Le territoire de Twin Peaks pourrait n’avoir jamais été aussi vaste et inextricable. On en redemande de toute urgence.
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Lire notre critique du pilote fleuve de la saison 3 de Twin Peaks.
Vendredi 26 mai, pour la dixième journée de compétition, seront présentés L’Amant Double, de François Ozon, et In the Fade de Fatih Akin.
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