Le 22 mai 2016

- Festival : Festival de Cannes 2016
Dégager les tendances d’un Festival de Cannes est un jeu de piste inextricable et aux résultats multiples, où chaque regard recoupe les mouvements, les indices à l’aune de sa propre sensibilité. Plutôt que de tenter ici d’en saisir les contours exhaustifs - la fatigue après 12 jours harassants de festival aurait de toute façon raison d’un tel dessein -, voici à la volée quelques-unes des inclinations de la 69e édition.
Dégager les tendances d’un Festival de Cannes est un jeu de piste inextricable et aux résultats multiples, où chaque regard recoupe les mouvements, les indices à l’aune de sa propre sensibilité. Plutôt que de tenter ici d’en saisir les contours exhaustifs - la fatigue après 12 jours harassants de festival aurait de toute façon raison d’un tel dessein -, voici à la volée quelques-unes des inclinations de la 69e édition.
Des dérèglements jouissifs
Les chutes à répétition, les corps comme des ballons de baudruche de Ma Loute.
Les films étaient nombreux cette année à fonctionner par petites vagues internes et autres déferlantes poétiques, à l’instar de Rester vertical et The Neon Demon...
Des animaux et créatures étranges
Les pieuvre de Park Chan Wook et Kore Eda. Celle des tickets de Loto de Après la tempête, sa frangine dévoreuse de corps humain dans Mademoiselle... Il y a quelque chose des estampes érotiques japonaises. Ces créatures s’enroulant comme des phallus infinis autour des corps dénudés. Un érotisme allégorique saisissant.
Marvin, le bouledogue anglais fauteur de troubles de Paterson, chien le plus jarmuschien ever (sacré Palme Dog 2016).
Le chat aimant mais diabolique dans Elle.
Les fantômes tout droit sortis d’une toile de Füssli dans Personal Shopper
Les nids de termites terrifiants dans Aquarius.
Une sexualité débridée
Rester vertical / Aquarius / Mademoiselle / Elle
À propos des sexes plein cadre d’Alain Guiraudie dans Rester Vertical...
Apercevoir quelques pénis en érection ou éjaculant plein cadre était devenu assez habituel dans le cinéma d’Alain Guiraudie. Mais la précision toute entomologique avec laquelle il filme cette fois son corollaire féminin a quelque chose de surnaturel. Léo s’y plonge comme s’il voulait s’y perdre. Rarement trouble n’aura été si manifeste chez le cinéaste.
Une douce paranoïa
Loving / Aquarius / Ma’ Rosa / Mademoiselle / Elle / Sierenevada (pour la dimension théorie du complot).
Des histoires d’amour
Mademoiselle / Loving / Moi, Daniel Blake / Paterson / Ma’ Rosa / The Last Face / American Honey...
Des femmes insubmersibles (ou presque)
Maureen (Kristen Stewart) dans Personal Shopper, Sasha Lane dans American Honey, Adriana Ugarte et Emma Suarez dans Julieta, Isabelle Huppert dans Elle, Sonia Braga dans Aquarius...
Les effondrements artistiques
Brillante Mendoza, Assayas, Sean Penn...
Des verres d’alcool
The Nice Guys, Paterson, Sieranevada...
Les anthropophages
Ma Loute et The Neon Demon
Les productions Amazon Studios
Café Society, Ma Loute, Paterson, Mademoiselle, Gimme Danger... les films avalés par le géant américain étaient nombreux à Cannes, pour le pire et pour le meilleur.
Le film lynchien
The Neon Demon, again...
Insolites, drôles, poétiques, scandaleux...
L’effet Koulechov glissant de La Fille inconnue (CMU = gens dangereux ?) - un parallèle délicat pour les frères Dardenne...
La course désespérée de Raph dans les hautes herbes dans (Ma Loute), à la City Girl.
L’omelette dans Julieta.
Les nappes trap ensorcelantes de American Honey.
La course nocturne paranoïaque et effrénée de Loving.
Les lancés de poissons dans The Nice Guys.
Le monde des rêves de Le BGG.
Les chaussées détrempées et labyrinthiques de Ma’ Rosa.
Le moment où tout le monde a faim mais attend 5h dans Sieranevada.
L’apparition de Benjamin Biolay en Victor Hugo spiritiste dans un téléfilm de seconde zone dans Personal Shopper - WTF ?!
Les grandes idées sur l’amour du Dr. Love (aka Jean Reno) dans The Last Face.
Cet instant où les spectateurs du Grand Théâtre Lumière se regardent les uns les autres pour soupeser le naufrage The Last Face - inoubliable.
Retrouvez toutes les critiques du Festival de Cannes 2016 ici.