Crise de foi
Le 20 novembre 2014
Thriller religieux de haute tenue au cœur des paysages Irlandais...
- Réalisateur : John Michael McDonagh
- Acteurs : Kelly Reilly, Brendan Gleeson, Aidan Gillen
- Genre : Comédie dramatique, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Britannique, Irlandais
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 26 novembre 2014
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Humour et finesse, dans le nouveau long de John Michael McDonagh qui s’intéresse à la place difficile de la religion dans la vie contemporaine d’une Irlande en proie aux scandales sexuels à répétition.
L’argument : La vie du père James est brusquement bouleversée par la confession d’un mystérieux membre de sa paroisse, qui menace de le tuer. Alors qu’il s’efforce de continuer à s’occuper de sa fille et d’aider ses paroissiens à résoudre leurs problèmes, le prêtre sent l’étau se refermer inexorablement sur lui, sans savoir s’il aura le courage d’affronter le calvaire très personnel qui l’attend…
Notre avis : En reprenant une partie du casting de son précédent film L’Irlandais, John Michael McDonagh offre une fois de plus un rôle majeur à Brendan Gleeson.
Dans la peau d’un prêtre veuf qui officie dans une petite bourgade perdue au bord de la mer, ancien alcoolique et père d’une jeune femme tourmentée, l’acteur excelle.
Au cœur d’un suspense et d’une enquête sombre, son personnage pose sur ses paroissiens un regard désabusé mais plein de bienveillance. Lorsqu’il est confronté à une menace de mort de la part d’un voisin qui lui avoue avoir été victime d’un prêtre pédophile au cours de son enfance, les intentions du cinéaste deviennent claires : dresser à travers lui le portrait d’une religion en perte de vitesse dans un pays qui paie un lourd tribut en matière de scandales religieux à caractère sexuel.
{{© Droits réservés}} La caméra, toujours à la hauteur des yeux du comédien, cherche à capter son regard pour manifester son innocence. Les pensées du prêtre qu’il incarne, grâce à une interprétation toute en finesse, sont sans équivoque face à la menace lourde qui pèse sur lui.
{{© Ascot Elite Filmverleih}}
Son rapport à la religion et à la foi sont les battements cœur du film de John Michael McDonagh qui déploie une enquête criminelle à l’envers. Le titre fait ainsi référence à la semaine de "Calvaire" vécue par le prêtre, qui cherche à savoir qui le menace au gré de séquences qui se succèdent.
Le réalisateur s’est ainsi basé sur une des théories de la psychiatre Elizabeth Kübler, qui décrit les différentes phases du deuil : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. Le Père James Lavelle va ainsi passer par toutes ces émotions au cours d’une semaine cruciale pour lui et son avenir.
{{© Ascot Elite Home Entertainment GmbH}}
Au-delà de la comédie noire - le film ne manque pas d’un humour très pince-sans-rire délicieusement British, notamment via une galerie de personnages atypiques et déjantés. La peinture couleur locale a surtout pour vocation de déterminer la place de la religion dans la société irlandaise contemporaine. Chacun, ici, incarne une relation spéciale avec le culte, entre la simple visite à l’église, une pratique de la religion plus impliquée ou pour d’autres hypocrite (ceux qui ne trouvent du réconfort auprès des prêtes que quand cela les arrange). En pointant du doigt la responsabilité de l’Eglise dans une affaire de pédophilie décrite comme particulièrement sordide (mais sans aucun flashback sensationnel ou sordide), John Michael McDonagh rend la demande de réparation et de vengeance légitime, mais prend en compte les doutes que peuvent ressentir des hommes de (bonne) foi, fragilisés par des affaires qui les dépassent.
{{© Ascot Elite Filmverleih}}Les religieux qui entourent Brendan Gleeson semblent bien incapables de l’aider et cherchent à se détacher des affaires judiciaires, préférant toujours se plonger dans une théorie qui n’aide en rien le prêtre dans la pratique.
Le cinéaste dénonce un système qui s’effondre, tout en douceur, mais en manifestant une grande affection pour la religion qui, encore aujourd’hui, à ses yeux, semble être une source intarissable de réconfort pour des individus fragiles comme ceux décrits dans le film. Il choisit un rythme soutenu, il est vrai, mais aussi un ton calme, comme apaisé par une musique traditionnelle et pop, attractive et poétique.
Le décor naturel désolé d’une Irlande au charme atavique participe pour beaucoup au ton du film, le parant de sa beauté, de ses couleurs (qui se retrouvent dans presque tous les plans, entre orange et vert), de son ambiance aussi et de ses accents d’autochtones.
{{© Droits réservés}} Alors que beaucoup d’auteurs peuvent se montrer frileux à l’idée d’évoquer le culte au cinéma, John Michael McDonagh signe avec Calvary une œuvre délicate et fine, portée par des acteurs solides, toujours avec un humour cocasse qui confère un côté burlesque à l’ensemble.
En espérant que « Saint Oscar » prie pour Brendan Gleeson, le comédien porte la soutane avec un naturel tel qu’il mérite d’être glorifié.
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