Le 2 juillet 2019
Le Silencio, pointu club-salon parisien, accueille le spectacle lié au livre de Pauline Delabroy-Allard, Ca raconte Sarah, édité aux Éditions de Minuit. Ce récital enchâsse la lecture d’extraits du roman dans des chansons de Maissiat. Ca raconte quoi ? L’amour d’une femme pour une autre, lu, chanté, partagé à deux voix.
- Auteur : Pauline Delabroy-Allard
- Salle de Théâtre : Silencio
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Résumé : Premier Roman de Pauline Delabroy-Allard, publié aux Éditions de Minuit, multi-primé et encensé par la critique, la puissance de rythme du roman {Ca raconte Sarah} appelait son passage à la scène. Le tempo lent et régulier des allers-retours vers le lycée où la narratrice travaille comme professeure, le temps latent d’une existence en sourdine. Puis l’irruption de Sarah, la violoniste : dissonante de vie. Celle qui déclenche la symphonie des sens et le vibrato des corps – puis compose, dans la vie de la narratrice, un ‘art de la fugue’ à Trieste, en Italie.
Notre avis : A gauche, c’est Pauline. A droite, c’est Maissiat. Deux artistes ultrasensibles qui dialoguent pour explorer une certaine idée du sentiment d’aimer. Amour libre, fort, fragile, qui débute à Paris et finit à Trieste. C’est ce que nous fait partager en premier lieu l’écoute agréable de cette œuvre qui décrit, avec véracité, face et revers permanents de la passion. Celle qui vous mène enthousiaste à la chambre nuptiale, puis de fusions en fêlures, en fait une pénible chambre d’écho. Elle ressemble, quels que soient nos inclinaisons, nos goûts, à cette passion que vivent les plus chanceux, qu’espèrent en vain la plupart des gens et dont essayent de survivre tant bien que mal ceux qui l’ont connu. Qu’y a-t-il de différent dans cet amour de femmes ? Rien, sinon qu’il est exprimé subtilement, apanage des femmes et des hommes sensibles, qu’il est vécu comme un tout unique et indissociable. Mais n’est-ce pas là la définition du grand Amour ? Celui qui vous crame sur des milliers d’hectares, en partant du frottement d’une allumette.
- © Sarah Bastin
Les chansons de Maissiat ont le ton léger des songes que chacun crée en regardant l’être aimé. Elles s’intercalent dans le récit amusant et saccadé des faits évoqués par Pauline. La poésie des textes des chansons est classique et mériterait de s’approcher ou de s’éloigner davantage de la spontanéité parlée des chapitres du livre.
Maissiat tient son personnage de scène. Piano, voix, sombrero de gitane basculé vers l’arrière, auréole de son romantisme noir et accort. Les thèmes mélodiques et leur interprétation gagneraient à suivre cette courbe en cloche que trace le roman, de l’intensité des débuts, aux dents de scies de l’éloignement, en passant par le sommet en apesanteur. L’émotion n’en serait que plus forte.
Pauline n’est pas une artiste de scène, elle est l’invitée surprise du succès de son propre texte, tirée de la foule anonyme sans y être préparée. Mais leur duo raconte vrai, sans se la raconter. Ca raconte Sarah. On a envie de la connaître mieux, elle, l’absente, la troublante Sarah. En une heure, ces trois femmes nous deviennent familières, voilà ce qui est le plus réussi dans ce spectacle. On a envie de les embrasser tendrement sur la joue, comme des sœurs, pour les remercier de cette communion. Pas étonnant que le roman ait eu tant de prix et que les jeunes s’y soient reconnus. On souhaite la pareille à ces représentations.
- Copyright Editions de Minuit, 2018
Le spectacle, qui n’est pas un plaidoyer sur la question de l’amour entre femmes et qui ne doit pas être réduit à cela, le serait dans tant de pays du monde où hommes et femmes souhaitent pouvoir substituer au mépris social, leur bonheur d’aimer.
A lire ! A voir ! A encourager !
LECTURE MUSICALE AVEC PAULINE DELABROY-ALLARD ET MAISSIAT
Ancienne libraire, Pauline Delabroy-Allard est aujourd’hui professeure-documentaliste dans un lycée d’Ile-de-France. Ca raconte Sarah est son premier roman. Il est publié aux Éditions de Minuit. Il a obtenu le prix du roman des étudiants France-Culture-Télérama, le prix des libraires de Nancy et des journalistes du Point 2018, le prix Envoyé par la Poste 2018.
Depuis la sortie de Tropiques en 2013, Maissiat ne cesse de tracer le sillon d’une chanson pop française puissante et délicate. Après Grand Amour, son deuxième album, l’autrice-compositrice-interprète explore une autre forme scénique : la lecture musicale, et se voit confier depuis 2016 des cartes blanches régulières à la Maison de la poésie à Paris. Maissiat travaille aujourd’hui à l’écriture de son prochain disque.
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