Bushwick - la critique du film

(c) 2017 Netflix

Notre avis : A l’origine, le mystère. Lucy (Brittany Snow) sort d’une station de métro en compagnie de son petit ami et s’aperçoit que son quartier est à feu et à sang : voila pour le pitch de base de Bushwick, et le mieux pour en profiter pleinement serait de ne pas en savoir beaucoup plus avant de presser le bouton de lecture. Il sera pourtant nécessaire au cours de cette critique d’aborder certains points essentiels du scénario, vous voila prévenus.
Présenté assez discrètement à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 2017 (dans l’ombre de la polémique Okja), le second film de Jonathan Milott et Cary Murnion est sorti quelques mois plus tard sur Netflix sans générer d’attente fébrile.
Pourtant, Bushwick pourrait être l’une des rares véritables propositions cinématographiques au milieu de la médiocrité généralisée des productions de la reine des plateformes de VOD (séries mises à part).
Bâti comme un enchaînement de plans-séquences (très longs pour certains), le métrage suit, durant une temporalité très courte, la fuite en avant de Lucy et de son compagnon d’infortune Stupe, campé par le musculeux Dave Bautista. Malgré quelques raccords numériques voyants, la magie opère plutôt bien et ce dès les premières minutes, la caméra resserrée derrière les personnages principaux participant activement au sentiment d’oppression transmis au spectateur déjà éprouvé par l’action ininterrompue de la scène d’introduction.

(c) 2017 Netflix

Aux cotés de Brittany Snow, qui reste convaincante malgré les criantes faiblesses d’écriture de son personnage (qui semble simplement subir les événements durant les deux tiers du film), Bautista - également à la production - s’offre ici le rôle à coup sur le plus introspectif et profond de sa carrière, derrière ses atours de brute épaisse. A la fois bête blessée mais toujours dangereuse lorsque la situation l’exige et vétéran torturé par les affres de la guerre, l’ex-catcheur se livre enfin à de véritables scènes d’émotion, loin de l’action chorégraphiée, en témoigne la scène de la laverie, véritablement bouleversante. L’interprète du mystérieux concierge Stupe est la grande et agréable surprise du film, à n’en point douter.
Mais la où Bushwick rate le coche de façon malheureuse et assez imprévisible, c’est bien dans l’écriture de son scénario, et plus particulièrement dans sa conclusion, qui n’est pas loin de gâcher tous les efforts entrepris jusqu’ici. Alors que le métrage s’évertue depuis son entrée en matière à nous dépeindre quelques rayons de lumières à travers le chaos ambiant, il s’abandonne dans ses dernières scènes à un déferlement de noirceur plutôt inapproprié et même malvenu.
Malgré ses quelques défauts agaçants, Bushwick s’élève au-dessus de la mêlée des productions Netflix et reste à découvrir, principalement pour sa mise en scène audacieuse et bigrement efficace, voire également pour son versant subversif et sa problématique courageuse (qu’il est préférable de découvrir par soi même), le film étant sorti peu de temps après l’élection de Donald Trump à la tête de la Maison-Blanche.