Le 31 octobre 2023
Prolongement cinématographique de l’œuvre littéraire d’Enki Bilal, un récit aux ramifications politiques et historiques passionnantes.
- Réalisateur : Enki Bilal
- Acteurs : Jean-Pierre Léaud, Carole Bouquet, Jean-Louis Trintignant, Philippe Morier-Genoud, Roger Dumas, Maria Schneider, Yann Collette, Hans Meyer, Benoît Régent
- Genre : Science-fiction
- Nationalité : Français
- Distributeur : Bac Films
- Editeur vidéo : Rimini Éditions
- Durée : 1h35mn
- Date de sortie : 14 juin 1989
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– Sortie DVD et Blu-ray : 17 octobre 2023
Résumé : Dans un pays inconnu, le Bunker Palace Hotel sert de refuge aux dignitaires d’une dictature en train de s’écrouler. Le lieu est conçu pour protéger ses occupants et leur garantir le luxe auquel ils sont habitués. Tandis que les arrivées s’echelonnent, le Président tarde à arriver. Mais Clara, une espionne rebelle, parvient à s’infiltrer dans le bâtiment...
Critique : Icône des librairies depuis quatre décennies, Enki Bilal demeure trop peu connu pour son activité de cinéaste – et c’est bien dommage. Pour preuve ce Bunker Palace Hôtel, demeuré longtemps introuvable avant une récente et opportune ressortie DVD et Blu-ray par Rimini Éditions. Le film ne manque pourtant pas de charmes, à commencer par celui de ses interprètes : Jean-Louis Trintignant, Carole Bouquet ou Jean-Pierre Léaud… Au script, le fidèle complice, Pierre Christin, cocréateur de Valérian et Lauréline, avec qui Bilal a écrit quelques-unes de ses plus belles pages de bande dessinée.
Fins de siècles : c’était le titre d’un diptyque séminal justement accouché par les deux hommes, et cela pourrait être celui de ce film, tant Bunker Palace Hôtel suinte la décadence, la fin de règne, le crépuscule d’un système sclérosé. Paradoxalement, si les histoires que Bilal raconte sur papier comme sur pellicule se déroulent dans un avenir plus ou moins proche, tout y est déjà dysfonctionnel, flétri, frelaté. Les androïdes déréglés n’en font qu’à leur tête, les clones exhibent leurs cicatrices, les machines dernier cri ont déjà caduques... Comme si, chez Bilal, le futur était déjà mort.
L’influence de 1984 et Blade Runner est bien sûr palpable mais, contrairement à Philip K. Dick et George Orwell, Bilal se refuse à dater son récit. Sans doute parce que, sous couvert de raconter l’avenir, il nous parle surtout de son époque. On ne saurait qu’insister sur la part autobiographique de l’œuvre de l’artiste ; Enes Bilal, dit Enki, d’origine bosniaque et tchèque, né dans ce pays qu’on appelait alors Yougoslavie, n’aura cessé de parler de ses origines... De l’exil, de l’arrachement et du déracinement, d’abord de façon voilée (La Trilogie Nikopol), puis plus ouvertement (La Tétralogie du Monstre). Bunker Palace Hôtel ne fait pas exception à cette règle et constitue un récit de science-fiction autant qu’une page de livre d’histoire – l’Histoire, comme aurait dit Georges Perec, « avec une grande hache ».
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