Le 23 avril 2023
Cette chronique familiale et semi-policière, dans la lignée d’un certain cinéma de Kazan et James Gray, vaut par son atmosphère contrastée et touche par son humanisme discret.
- Acteurs : Nadia (Nadezhda) Mikhalkova, Levan Tedaishvili, Giorgi Tabidze, Kakhi Kavsadze
- Genre : Drame, Drame social, Policier
- Nationalité : Américain, Russe, Bulgare, Monégasque
- Durée : 1h36mn
- Date de sortie : 12 avril 2023
- Festival : Festival de Reims 2023
L'a vu
Veut le voir
– Année de production : 2021
Résumé : Un ancien champion de lutte géorgien part à Brighton 4th, New York, pour tenter d’aider son fils qui accumule les dettes de jeu.
Critique : Formé à l’Université d’État de théâtre et de cinéma Chota-Roustavéli de Tbilissi, Levan Koguashvili avait réalisé plusieurs films, dont les fictions Street Days (2010) et Blind Date (2013). Brighton 4th, son quatrième long métrage, a été remarqué dans diverses rencontres dont le Festival du film policier de Reims. Coproduit par la Géorgie, la Russie et les États-Unis, il fait partie de ces œuvres en apparence modestes dans le format, l’écriture et la mise en scène, mais révélatrices d’une vision réelle et d’une touchante sensibilité. C’est également un film qui a sa place dans les récits sur l’exil tourné aux États-Unis, dans la lignée de America, America d’Elia Kazan ou Little Odessa de James Gray. Le début se situe à Tbilisi, et permet de suivre le quotidien morne mais serein de Kakhi, interprété par Levan Tediashvili, lui-même ancien champion olympique de lutte. Cette mise en abyme ne plombe pas la narration, surtout si le spectateur ignore l’information, et se montre en cohérence avec le dispositif semi-documentaire voulu par le réalisateur.
- © 2023 ARP Sélection. Tous droits réservés.
Souhaitant éponger les dettes de son fils installé aux États-Unis, Kakhi prend congé de son épouse et de ses amis pour s’installer provisoirement à New York. Là, il loge dans une pension tenue par une vieille amie, et située dans le quartier de Brighton, à Brooklyn. C’est ici que vivent beaucoup de migrants issus de l’ex-URSS, la plupart en situation de précarité, et dans un entre-soi leur permettant d’ignorer jusqu’à l’usage de la langue anglaise. Levan Kogusashvili a déclaré à ce propos : « Le lieu où se déroule notre histoire, Brighton Beach, est très cinégénique et abrite une histoire humaine, universelle et éternelle, celle d’une relation entre un père et son fils. "Brighton 4th" parle des Géorgiens d’Amérique, de leur comportement, de leur mentalité, de leurs chansons et de leur humour. Le film mélange deux univers cinématographiques distincts : la Géorgie et New York ». L’œuvre est subtile dans sa façon de montrer les tensions pouvant exister au sein de ces communautés, notamment dans les séquences de jeu d’argent, ce qui n’exclut pas une certaine solidarité.
- © 2023 ARP Sélection. Tous droits réservés.
La séquence la plus touchante est à cet égard celle qui voit Kakhi être appelé en renfort pour kidnapper et impressionner un employeur kazakh n’ayant pas payé ses femmes de ménage depuis quatre mois, lequel se révèle lui-même insolvable et pitoyable, ce passage semi-policier se terminant par une bouteille d’alcool et un repas partagé en chants par les protagonistes de cette sous-intrigue. Tout le métrage est de cette veine, et se termine par un challenge imprévu et émouvant sur une plage désertée au petit matin. Brighton 4th vaut également par son casting mêlant non-professionnels et interprètes chevronnés. Parmi ces derniers figurent Giorigi Tabidze, vedette de cinéma georgien (Hostages), qui incarne le fils ; Nadia (Nadezhda) Mikhalkova, fille de Nikita Mikhalkhov, qui avait joué enfant dans Soleil trompeur, et joue la fiancée ; et le vétéran Kakhi Kavsadze, légende du cinéma soviétique (films de Motyl et Abouladzé), dans le rôle d’un vieux pensionnaire, et qui est décédé quelque temps après le tournage. il serait dommage de passer à côté de ce « petit » film peu tapageur mais nullement mineur.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.