Le 21 mars 2008

Dans nos salles, c’est la fête avant le printemps et c’est le cinéma français qui prospère. Analyse.
Les sorties de la semaine du 12 mars 2008
On rigole, on rigole, mais mine de rien le cinéma français, comme souvent durant le premier trimestre de chaque nouvelle année, se taille la part du lion. Mieux, ici il dévore comme le roi lion, réduisant en charpie ses concurrents. Sept films hexagonaux dans le top ten et un huitième réalisé aux USA par un Frenchy. C’est l’exception culturelle, et elle prend des allures de titan(ic) quand en plus Bienvenue chez les ch’tis se permet de dominer le marché avec 3 600 000 entrées supplémentaires en 3ème semaine pour un total de 12 500 000 bons gars bien de chez nous. A l’échelle mondiale, cela représente un score colossal, puisque la tuerie de Dany Boon a pris pendant deux semaines la tête du box-office international hors USA. Un exploit alors qu’elle n’est exploitée que sur trois territoires contre 20 pays pour 10 000 ou 40 pour Jumper, qui suivent !
Les sorties de la semaine en France ont été largement portées par le succès du Printemps du cinéma. En tête des new pics trône sans surprise et surtout sans éclat 10 000, le mastodonte de Emmerich qui s’octroie dans ce contexte de fête plus de 474 000 Cro-Magnon sur 563 copies. Correct, mais la chute due à un très mauvais bouche-à-oreille va être rude (-70% pour le second mercredi).
Tout déprimant qu’il est, le second film d’Olivier Marchal réunit pour son lancement 448 000 courageux. C’est bien mieux que Les femmes de l’ombre (569 000 fans de Marceau en 2 semaines), mais encore une fois, les perspectives ne sont guère engageantes. A suivre.
Les Français n’aiment plus les comédies romantiques du terroir et désavouent cordialement Modern love. 147 000 entrées, c’est plutôt médiocre, même si le nombre de copies - 182 - limite la casse et permet même une moyenne de spectateurs a priori honorable.
Bide pour le Julia de Zonca. 52 000 entrées dans 87 salles. C’est trop peu vu les ambitions du cinéaste - absent depuis 10 ans - et les qualités indéniables de cette œuvre exigeante. Mais sa durée excessive de 2h20 en a sûrement rebuté plus d’un. Quel dommage !
Dans la vie de Philippe Faucon, l’un des chouchous de la critique n’enthousiasme que 28 000 spectateurs dans 70 salles, alors que La graine et le mulet dans un registre similaire engrange encore en 14ème semaine 31 000 curieux pour un total hallucinant de 836 000 bourriques. C’est donc mal parti.
Le Rendez-vous à Brick Lane a été pris par 19 000 amoureux du cinéma britannique. Sur 31 salles, c’est assez moyen. A côté Mon Führer se vautre à 7 384 germanophiles dans 44 salles. Un véritable désastre.
Bon score en revanche pour Le voyage de Primo Levi qui dans un circuit ultra restreint (3 copies avec peu de projections quotidiennes) rassemble 1 417 lecteurs du célèbre auteur.
Le premier jour / mercredi 19 mars / Paris - périphérie
Rien d’exceptionnel. Alors que le déclin des Ch’tis s’initialise (-47%), les sorties du jour ne dépassent pas l’honorable.
Il y a longtemps que je t’aime s’illustre et devrait s’imposer comme le favori du public avec 11 000 entrées sur 42 copies parisiennes. Angles d’attaque, plus rentre-dedans, en fait autant avec 6 salles de moins. Pas mal.
A fond dans le décalage, A bord du Darjeeling limited démarre solidement (7 500 poètes pour 31 salles), alors que les 38 salles du Nouveau protocole étaient visiblement trop nombreuses pour ses 4 604 entrées. Un score bien maigre qui démontre une fois de plus le peu d’impact que représente le nom de Clovis Cornillac en haut d’une affiche.
Tout niais qu’il est August Rush séduit 1 200 gamins dans 15 salles. Black sheep et ses moutons cannibales fait un score semblable (913 / 13). Le succès flamand de Ben X ne se reproduira pas en France : 532 entrées dans 8 salles, dont l’UGC Ciné Cité les Halles, c’est peu. Ces trois films devraient vite finir dans les oubliettes d’ici deux semaines.
Du côté de l’art et essai pur et dur, Les toilettes du pape démarre correctement (524 / 5) ; L’été indien s’ébroue (148 /4) ; Le dernier repas se prend en solo (107 / 7) ; Couleurs d’orchestre (49 /2) et L’occitanienne (21/1) n’existent tout simplement pas.
Une pensée émue pour Le retour de Roscoe Jenkins. Sans pub, ni critique, cette comédie communautaire séduit 232 franciliens dans 4 salles ultra ciblées habituées aux sorties techniques, alors que Paris intra-muros ne lui accorde aucun écran. Pff !
Chiffres issus du magazine le Film Français