A cheval sur la qualité de l’herbe
Le 26 février 2013
Un documentaire 100 % vache, d’actualité avec le Salon de l’agriculture et les César où il a été nominé dans la catégorie du meilleur documentaire de l’année.
- Réalisateur : Emmanuel Gras
- Genre : Documentaire, Film animalier
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Blaq Out
- Durée : 1h04mn
- Titre original : Bovines
- Date de sortie : 22 février 2012
L'a vu
Veut le voir
Sortie DVD : le 5 février 2013
L’argument : Dans les champs, on les voit, étendues dans l’herbe ou broutant paisiblement. Grosses bêtes placides que l’on croit connaître parce que ce sont des animaux d’élevage. Lions, gorilles, ours ont toute notre attention, mais a-t-on jamais vraiment regardé des vaches ? S’est-ont demandé ce qu’elles faisaient de leurs journées ? Que font-elles quand un orage passe ? Lorsque le soleil revient ? A quoi pensent-elles lorsqu’elles se tiennent immobiles, semblant contempler le vide ? Mais, au fait, pensent-elles ? Au rythme de l’animal, au milieu d’un troupeau, "Bovines" raconte la vie des vaches, la vraie.
Notre avis : L’éditeur Blaq Out propose, pour ceux qui n’auraient pas eu l’occasion de le voir en salle lors de sa sortie en février 2012, de découvrir en DVD Bovines. Ce documentaire d’un peu plus d’une heure, qui fut récompensé par un succès considérable malgré une sortie dans une poignée de salles (30.000 entrées France !), nous emmène à la découverte de celles qui peuplent nos campagnes, que l’on croise presque à chaque chemin, que l’on voit sans vraiment les regarder : les vaches.
On saluera à cette occasion la capacité du réalisateur à rendre hommage à la nature des campagnes françaises. Le bocage normand est, à travers la caméra d’Emmanuel Gras, d’une beauté plastique certaine. Une somme de scènes bucoliques paisibles filmées sur le plancher des vaches ou, choix judicieux s’il en est, tournées à hauteur de bovidés pour une immersion plus complète dans ce monde animal.
Une image qui, par ailleurs, ne sera pas entachée par la parole humaine. Ici, nul commentaire ne vient orienter par les mots la compréhension, par les spectateurs, des scènes qu’on lui donne à voir. Nulle histoire individuelle également. Tout se joue au niveau du collectif. Le réalisateur évoque tout simplement l’histoire, presque avec un grand H, d’un troupeau. Une histoire commune de vaches à viande qui tôt ou tard finiront dans nos assiettes.
Oui, car le réalisateur ne sombre pas dans l’angélisme. Derrière cette évocation champêtre, on sent poindre le business de la viande, les abattoirs. Bref, les vaches reprennent vite leur place d’objets modelés pour satisfaire les besoins de l’Homme.
Enfin, on notera que si Emmanuel Gras arrive à gommer, par l’absence de voix off, l’expression d’un certain anthropomorphisme, le spectateur n’est pour sa part pas nécessairement épargné par ce sentiment, en raison même du montage. Une ambivalence subsiste donc en la matière au visionnage poussant finalement le spectateur à s’interroger sur l’intelligence de ces êtres. Un parti pris après tout défendable.
Le film a été nommé aux César 2013, dans la catégorie du meilleur documentaire.
L’édition DVD associe le film à un intéressant documentaire permettant de découvrir l’univers de ce jeune réalisateur.
Les suppléments
Un peu plus d’une heure de suppléments nous est proposée.
– Repérage (11 minutes) : bonus n’offrant pas grand chose de plus que des scènes de campagne dépourvues cette fois-ci de toute histoire.
– Scènes additionnelles (17 minutes) : 11 scènes coupées de 1 à 4 minutes viennent compléter le documentaire. Le visionnage de celles-ci souligne in fine la qualité du montage final et le choix judicieux du réalisateur de se focaliser sur les vaches ; tout autre intervenant devenant alors incongru.
– Entretien (15 minutes) : en miroir aux commentaires audio disponibles lors du visionnage du film, on retrouvera Emmanuel Gras pour un entretien où il nous livre, en quelques chapitres, sa vision du monde animal et comment, parti pour trois semaines, il sera finalement mobilisé pendant un an afin de faire vivre au spectateur une vie d’animal. On regrettera la très médiocre prise de son (son déséquilibré sur la droite) qui entache finalement le propos.
– Court métrage (18 minutes) : on retrouvera en supplément un court intitulé Tweety, lovely superstar, filmé à Beyrouth en 2002. Loin des champs, le réalisateur pose sa caméra pour observer le travaille de quatre hommes, ouvriers syriens, et d’un enfant œuvrant, par la seule force de leurs bras et de masses, à la démolition d’un immeuble de ciment et de fer. Le réalisateur filme l’accomplissement de cette tâche, digne des Titans, sous la forme de plans, quasiment, fixes. Mais, par le choix du montage et de la rare musique, le réalisateur confère à ce court, un aspect hypnotisant et finalement déshumanisé.
Image
Restitution des pâturages de qualité, de quoi satisfaire nos envies de grand air. Perfectible du moins dans le détail, où la texture reste loin du rendu HD qui est dans l’air du temps dans le domaine du documentaire.
Son
Le film peut être visionné en Dolby Stéréo 2.0. Pour une immersion un peu plus complète, mais pas nécessairement renversante, le réalisateur a eu la bonne idée de proposer un pertinent Dolby digital 5.1 qui rend hommage au bruissement de l’herbe dans le vent. Enfin, si, citadin dans l’âme, le seul bruit des vaches paissant dans la campagne vous apparaît comme une épreuve insurmontable, n’hésitez pas à bénéficier des commentaires éclairant du réalisateur.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.