Une vie à t’attendre
Le 15 mai 2016
L’ultime film de Robin Williams est un drame sensible mais balisé. A voir pour dire adieu au plus attachants des acteurs américains.
- Réalisateur : Dito Montiel
- Acteurs : Robin Williams, Kathy Baker
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h24 mn
- Date de sortie : 18 mai 2016
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L’ultime film de Robin Williams est un drame sensible mais balisé. A voir pour dire adieu au plus attachants des acteurs américains.
L’argument : Si Nolan et sa femme Joy vivent sous le même toit, ils font chambre à part depuis longtemps. Employé de banque modèle, Nolan affiche pourtant un air absent et se montre insensible à une promotion. Rien ne semble pouvoir combler le vide de son existence.
Un soir, alors qu’il circule le long d’une avenue déserte, il fait la rencontre de Léo, jeune homme écorché. Rattrapant le temps perdu, Nolan retrouve un nouveau sens à sa vie et décide enfin de ne plus se mentir...
Notre avis : Boulevard est le dernier film de Robin Williams. Tourné en 2013, il représente la dernière performance d’acteur du comédien qui s’est donné la mort en 2014. Il se visionne donc avec un certain regard, nostalgique et un brin amer. Plus jamais on ne verra de nouveau film avec Robin Williams en tête d’affiche. Impossible de ne pas faire le parallèle entre la dépression de l’acteur qui l’a mené au suicide et le corps du film, l’histoire d’un homme qui s’est tu toute sa vie et qui décide un jour que cela doit cesser.
© Paname Distribution
Boulevard est l’histoire d’un coming out tardif et libérateur. Hélas, le film se contente un peu de cette trame, comme si elle était inédite. Or c’est loin d’être la première fois qu’on narre ce genre de parcours au cinéma. Dans Boulevard, les choses interviennent au rythme de l’existence de Nolan : lentement. Tout vient en creux, en douceur. La maison qu’il partage -littéralement, puisqu’ils font chambre à part- avec sa femme Joy, est un genre d’écrin vieillot et normatif. L’emploi qu’il occupe dans une banque qui effectue des prêts immobiliers est du même type. Même son comportement en soi est assez balisé. Du coup, La naïveté qui caractérise le personnage nous fait traverser le film dans une sorte de bulle. Certes, l’interprétation est d’une grande douceur. Que ce soit le couple que Nolan forme avec sa femme ou même ses échanges avec le jeune prostitué qu’il ramasse en voiture un soir. Nolan persiste à lutter contre ses penchants en traitant le jeune homme comme le fils qu’il n’aurait jamais eu pendant un long moment. Ce qu’il recherche au fond, plus qu’un partenaire sexuel, c’est un rapport humain enfin authentique, c’est de pouvoir être réellement lui-même avec quelqu’un.
© Paname Distribution
D’où vient donc cette impression de platitude qui traverse ce film qui comportait tout les éléments d’un drame émouvant ?
Tout d’abord, que ce soit le cadre, la photo ou la musique, Boulevard est accablant de sagesse. Rien ne dépasse. Un tel écrin aurait pu être brisé en même temps que le personnage se révèle à lui-même et il n’en est rien. Par la force des choses, l’interprétation est au diapason. A force de discrétion travaillée, on finit par ne plus être touché par ce que vit le personnage. On est ici bien loin des rôles emblématiques de Williams, du prof du cercle des poètes disparus à la virevoltante Madame Doubtfire. Cette partition le deviendra sans doute par la force des choses, à cause du destin tragique de l’acteur. Dans les rôles secondaires, on reconnaitra Bob Odenkirk, rendu célèbre grâce à la série Breaking Bad et désormais sa spin off Better call Saul. Il interprète le meilleur ami de Nolan, avec qui il entretient des rapports cordiaux mais superficiels, loin d’une réelle relation amicale. Winston existe donc en contraste avec Nolan, comme pour lui montrer tout ce qu’il manque en n’étant pas lui même au quotidien. Là aussi, rien de bien surprenant dans cette facette du scénario.
On aurait aimé que le dernier film de Robin Williams soit une vraie surprise, un enchantement, performances auxquelles nous avait habitué l’acteur il y a quelques années. Au lieu de cela, Boulevard est un gentil métrage prévisible, constamment en dessous de ce qu’il aurait pu être. Ce manque d’audace est regrettable tant il est commun.
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