Le 9 avril 2008
- Plus d'informations : Le site de la pétition
Les requins envahissent nos salles de cinéma. Un danger ? Oui, mais cette fois-ci, pour le grand squale, décimé par la mafia des océans dans l’indifférence absolue des politiques et de l’opinion publique. Mais que fait Dominique Voynet ?
Les requins envahissent nos salles de cinéma. Un danger ? Oui, mais cette fois-ci, pour le grand squale, décimé par la mafia des océans dans l’indifférence absolue des politiques et de l’opinion publique. Mais que fait Dominique Voynet ?
Cette semaine le cinéma, via le distributeur MK2, fait son grand mea culpa en nous présentant un documentaire choc, Les seigneurs de la mer, sur l’extinction imminente des requins. Pourquoi un mea culpa ? Les dents de la mer pardi ! Triomphe incontestable des années 70, dupliqué par dizaines (suites, ersatz...), le film d’horreur marin de Steven Spielberg a gravé dans l’inconscient collectif une image négative du Grand Blanc, devenu le parangon du squale (alors qu’il en existe plus de 250 espèces, dont seulement une dizaine réellement dangereuses pour l’Homme). Le requin devient soudainement, dans l’imaginaire de chacun, un animal méchant (méchant, oui, vous aviez bien lu, puisque c’est un fait avéré - sic -, il sillonne les océans dans le seul but de croquer de l’humain). Pourtant l’on ne le rencontre quasiment jamais lors de nos baignades. Et il attaque si rarement les bipèdes dans notre genre que les tigres, éléphants et autres cobras provoquent chaque année plus de décès que ses mythiques morsures. Il demeure néanmoins un cauchemar pour bien des nageurs à l’esprit vagabond.
Tout cela explique que, 23 ans plus tard, sa survie est devenue critique. Pêche industrielle, filets meurtriers, trafics mafieux... Les dents d’acier sont devenues, en quelques années, une manne financière prodigieuse, nourrissant de leurs ailerons les fantasmes des impuissants et des gourmets asiatiques, tous plus inconscients les uns que les autres quant aux implications écologiques et éthiques d’une telle éradication. Avec la complicité de l’opinion publique internationale, cela va sans dire.
Et oui, le requin n’est pas très beau. Il ne couine pas comme un petit phoque blanc quand on lui fracasse la tête ; il ne joue pas avec les enfants comme Flipper le dauphin ; il n’appartient pas aux mammifères comme la baleine pour susciter l’émoi de l’opinion publique. Le délit de sale gueule lui porte bien préjudice et souligne bien notre facilité de jugement. Oui, nous Occidentaux, alors que nous sommes supposés avoir l’esprit ouverts aux grandes causes écologiques de la planète, nous voilà une fois de plus incapables de voir au-delà des fictions catastrophes de nos écrans.
Aussi, cette semaine, le cinéma se décide enfin à demander pardon au soi-disant saigneur des mers. Vous pouvez le faire aussi. Un petit tour dans les salles courageuses proposant ce documentaire plutôt bien fichu des branchies (quoique artistiquement égocentrique) et un clic sur la pétition en ligne du cinéaste. Ca peut laver une conscience pour la semaine.
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