Le 9 janvier 2024
Là où Martin Provost excelle dans les biopics de peintres ou d’écrivaines célèbres, le propos s’égare là dans une représentation assez extravagante et peu convaincante du couple Bonnard.
- Réalisateur : Martin Provost
- Acteurs : Cécile de France, Stanislas Merhar, André Marcon, Anouk Grinberg, Grégoire Leprince-Ringuet, Vincent Macaigne, Stacy Martin, César Domboy
- Genre : Biopic, Historique, Drame historique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Memento Distribution
- Durée : 2h02mn
- Date télé : 29 octobre 2024 23:52
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 10 janvier 2024
- Festival : Festival de Cannes 2023
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– Festival de Cannes 2023 : sélection officielle, Cannes Première
Résumé : Pierre Bonnard ne serait pas le peintre que tout le monde connaît sans l’énigmatique Marthe qui occupe à elle seule presque un tiers de son œuvre…
Critique : Le film s’ouvre sur une page de peinture. On reconnaît le fameux visage de celle qui sera sa femme, Marthe, et peuplera la plupart de ses œuvres, coiffée d’un chapeau singulier. Pierre Bonnard fait la rencontre de son modèle qui se fait appeler Marthe et raconte qu’elle est sans famille et d’origine italienne. Le peintre n’a pas de souci matériel. Il vit au milieu des gens de lettres et d’art à Paris, se fait entretenir pour développer ses peintures et fréquente les grands noms de l’époque. Immédiatement, Martin Provost décale la question de la création artistique de Pierre Bonnard avec la rencontre avec Marthe, qui devient le sujet central du film.
- Copyright Carole Bethuel
Le cinéaste habitué à raconter les récits passionnants de grandes figures artistiques décrit un couple fantasque, très immature, qui tressaute d’un bord de scène au lit en poussant des cris. Il est certain que le cinéaste n’a pas inventé ces comportements très particuliers. Pour autant, si la création picturale est assez mise en valeur, elle se perd dans les simagrées et les sauteries des deux amoureux qui se confondent en ricanements et sautes d’humeur. La littérature a bien décrit le caractère particulier de Marthe Bonnard. En l’occurrence, Cécile de France joue la partition d’un personnage hybride, autant espiègle, enfantin que résolument caractériel et colérique. Face à elle, il y a Pierre Bonnard, interprété par Vincent Macaigne, qui le fait passer pour un être plus évanescent et débonnaire.
La majeure partie du film se passe dans la demeure campagnarde du couple Bonnard, à l’exception de quelques salons parisiens ou de passades amoureuses à Rome. Il y a hélas quelque chose assez raté dans la constitution des décors. On reconnaît derrière les fenêtres des peintures figées de la capitale française. Seules les scènes tournées dans la demeure des bords de Seine où manifestement Nerval a laissé des cahiers remplis de ses poésies, donnent un semblant de réalisme à ce récit historique. Car autant les visites de convives comme Monet ou Manet que les dialogues entre les protagonistes respirent l’emphase, mettant alors en cause la vraisemblance du propos.
- Copyright Memento Distribution
Le plus intéressant du film demeure la partie où Bonnard abandonne Marthe pour une amante très jeune avec laquelle il décide de se marier à Rome. C’est à ce moment que Marthe Bonnard devient la peintre importante que l’on connaît. Or, Martin Provost qui avait excellé dans la fabrique d’un génie avec Séraphine, passe presque à côté de ce sujet. Il la représente comme un personnage hagard, soliloque, ce qui est sans doute la réalité, mais ne met absolument pas en valeur l’éclosion d’une artiste de génie.
Nous serons passés à côté de ce Bonnard, Pierre et Marthe. On en vient à regretter la passion magnifique qu’il avait su rendre en mettant en scène les personnages de Séraphine ou Violaine Leduc, ou encore les personnages éclatants de La bonne épouse.
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