Le 1er janvier 2022
Un trio de choc et une bonne dose de dérision accompagnent ce retour au cœur de ces années « sixties » réputées légères et insouciantes mais où toutes les femmes rêvaient d’émancipation sans oser y croire.
- Réalisateur : Martin Provost
- Acteurs : François Berléand, Édouard Baer, Yolande Moreau, Juliette Binoche, Noémie Lvovsky
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Memento Distribution
- Durée : 1h49mn
- Date télé : 1er janvier 2022 20:50
- Chaîne : Ciné+ Emotion
- Date de sortie : 22 juin 2020
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Résumé : Tenir son foyer et se plier au devoir conjugal sans moufter : c’est ce qu’enseigne avec ardeur Paulette Van Der Beck dans son école ménagère. Ses certitudes vacillent quand elle se retrouve veuve et ruinée. Est-ce le retour de son premier amour ou le vent de liberté de mai 68 ? Et si la bonne épouse devenait une femme libre ?
Critique : Il fut une époque, pas si lointaine, où la France était réellement le pays des droits de l’homme....un peu moins celui des droits de la femme. Ce n’est qu’en 1965 que les Françaises obtiennent le droit d’exercer une activité professionnelle ou d’ouvrir un compte bancaire, sans l’autorisation de leur mari. Dans ce contexte passablement rigide, toutes les citoyennes sont, dès leur naissance, perçues comme des esclaves domestiques essentiellement destinées à assouvir tous les désirs du mâle dominateur. Pour les y préparer, fleurit dans cette bonne France catholique où traînent encore les relents de la devise nationaliste et nataliste (Travail, Famille, Patrie) chère à un certain maréchal Pétain, pléthore d’écoles ménagères où l’on enseigne les sept piliers indispensables, pour faire de ces jeunes filles naïves l’élite des ménagères, le rêve de leurs futurs époux. Il n’est pourtant pas ici question de dénoncer une quelconque injustice sociale, si avérée soit-elle. En optant pour la malice et la légèreté, Martin Provost, comme il l’a déjà fait avec, entre autres, Séraphine, puis Violette rend un hommage chaleureux aux femmes qui, par leur courage et leur vitalité, parviennent à s’échapper du carcan dans lequel leur appartenance au sexe dit faible les maintient.
- Copyright Memento Films Distribution
Aidée de sa belle-sœur, une vieille fille qui rêve du grand amour (Yolande Moreau), et d’une nonne (Noémie Lvovsky) au caractère bien trempé, l’élégante Paulette (Juliette Binoche) dirige d’une main de fer son établissement. En revanche, elle ne s’est jamais penchée sur les comptes de sa petite entreprise. L’argent, c’est réservé aux hommes. Elle découvre pourtant, à la mort de son mari (François Berléand), que celui-ci n’était qu’un piètre gestionnaire qui ne lui laisse que des dettes. Ce qui s’annonce comme une catastrophe se révèle être un sacré propulseur d’énergie, d’autant qu’en ces prémices de mai 68 souffle un vent de liberté. Il n’en faudra pas plus pour que Paulette réponde enfin aux avances de son amoureux (Edouard Baer), trop longtemps éconduit qui, pour la séduire définitivement, s’engage à se mettre aux fourneaux dans les meilleurs délais. Nul doute, la révolution pour l’égalité des sexes est en marche !
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De situations cocasses en dialogues pétillants, La bonne épouse suit son cheminement de comédie mutine et gentiment désuète, que l’évocation des célébrités du moment (d’Adamo à Anne-Marie Peysson, en passant par Joe Dassin, Ménie Grégoire ou Guy Lux) enrichit d’une tendre nostalgie.
Si le trait est grossi à plaisir, c’est pour mieux souligner les paradoxes d’une époque aussi joyeuse que sexiste. On ne résiste pas à la bonne humeur et à l’enthousiasme que dégage ce trio de femmes, doublé d’un trio d’actrices épatantes (Juliette Binoche réjouissante de dérision sous les traits de cette directrice très chic et un peu coincée, Yolande Moreau toujours émouvante entre tendresse et fantaisie et Noémie Lvovsky d’un naturel désarmant en bonne sœur dominatrice). Malgré des personnalités bien différentes, toutes trois font preuve d’un même talent, pour manier avec dextérité, détermination et goguenardise.
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Leur confrontation avec les jeunes filles dont elles ont la charge, toutes caractéristiques de l’époque (Albane, issue d’un milieu favorisé, ne manque jamais d’afficher sa supposée supériorité ; Corinne sacrifiée au bénéfice d’un frère à qui son statut de mâle confère le droit de poursuivre des études supérieures ; Annie, la rebelle qui peu à peu dévergonde Yvette, à qui son père a enseigné la soumission depuis son plus jeune âge) est prétexte à des scènes débordantes d’humour et de vivacité.
La fin se perd certes dans un activisme un peu trop poussé. Pourtant, à l’heure où le féminisme penche dangereusement vers l’intégrisme, on se surprend à sourire de l’innocence d’une époque qui a cru que l’abolition du conservatisme suffirait à accorder aux femmes libération et épanouissement.
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