Supervisé par David Lynch
Le 10 mars 2020
Alors que l’œuvre cinématographique de David Lynch est sans doute terminée, Blue Velvet ressort en salles dans une version 4K restaurée. Un livret numérique l’accompagne, dans lequel on trouve notamment une analyse des couleurs, dans un texte intitulé « Le bleu et la boue ». Julien Rejl analyse quant à lui précisément Blue Velvet à la lumière de Twin Peaks, permettant au spectateur d’avoir un œil nouveau sur le film.
- Réalisateur : David Lynch
- Acteurs : Kyle MacLachlan, Isabella Rossellini, Laura Dern, Dennis Hopper
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Capricci Films
- Durée : 2h
- Reprise: 22 juin 2020
- Date de sortie : 21 janvier 1987
- Plus d'informations : Livret numérique
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Résumé : Dans les quartiers résidentiels de Lumberton, en Caroline du Nord, Jeffrey Beaumont, un étudiant enquête sur une oreille coupée qu’il trouve dans un champ. Il est loin d’imaginer que, sous les apparences tranquilles de sa petite ville, la violence, la perversité et le sadisme peuvent être le lot du quotidien de ses voisins.
Notre avis : La ressortie du film en salle est un événement, puisque Lynch n’a plus réalisé de film depuis Inland Empire en 2006. Blue Velvet n’est pas non plus n’importe quelle œuvre, puisqu’elle semble contenir tous les indices des obsessions du réalisateur : les archétypes féminins, la sexualité la plus crue ou perverse, le goût pour l’obscurité, le dégoût ou encore le rêve et la folie. Pour appuyer sa réalisation, cette version accentue les couleurs notamment le rouge, symbolisant à la fois le désir et la violence.
Kyle MacLachlan, dans le rôle du protagoniste Jeffrey Beaumont, incarne notre propre fascination : il est à la fois le voyeur, celui qui cherche à comprendre le mystère coûte que coûte, sans véritable autre raison que sa curiosité. Il est aussi celui qui vit une histoire d’amour tout à fait charmante, mais peut aussi céder à des pulsions plus violentes, se laissant envoûter par le Mal qui le séduit. L’autre interprète du film, Laura Dern, incarne quant à elle la jeune femme blonde innocente, apeurée et esclave de ses sentiments. On pense à Laura Palmer dès la première apparition de Sandy à l’écran et le parallèle avec la série se construit dès lors, au fur et à mesure que l’on regarde le film.
Julien Rejl, dans le livret qui accompagne le film, revient sur ce parallèle, qualifiant Blue Velvet « d’embryon du monde-Lynch », dont l’accomplissement se trouverait dans Twin Peaks. Difficile de le contredire. Au casting, Dennis Hopper incarne la figure du mal, sadique à souhait, violent et effrayant sans que l’on ne comprenne pourquoi. Isabella Rossellini complète l’affiche du film dans le rôle de la femme à la fois blessée et abusive, l’une des autres figures dans le cinéma de Lynch.
Crédits Capricci
Hervé Aubron, dans son texte « Le bleu et la boue », revient lui sur l’utilisation de la couleur bleue dans ce film. Cette couleur est d’après lui le symbole de ce qui se cache, de « la saleté ancrée sous la surface ». Contrastant avec l’hygiénisme et le vernis des années 1980 du cinéma hollywoodien, David Lynch livre ici un film où la saleté se montre, où l’ouverture peut se faire sur un rideau bleu fermé, où le velours bleu peut devenir objet d’un fétichisme malsain et violent. On connaît la passion de l’artiste pour les arts plastiques et l’on ne peut s’empêcher de penser au symbolisme de la couleur, à son regard onirique et parfois sale du monde.
Enfin, la musique de ce film lui donne son caractère tout à fait envoûtant, emportant immédiatement dans cet autre univers, celui du rêve, de l’imagination, où le sens se perd et le temps semble se suspendre.
Blue Velvet n’est plus seulement un des chefs-d’œuvre de David Lynch, il devient désormais le film à revoir pour mieux appréhender tout son art. Le livret numérique édité par Capricci permet d’aller plus loin dans l’analyse, pour les envoûtés du « monde-Lynch ».
Livret à télécharger : voir lien dans "plus d’informations"
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