Bless You T.1 : la chronique BD

Faisant la part belle à un Dieu tout sauf sérieux et à son acolyte, une jolie renarde zélote, le début de Bless You donne le ton d’une série qui se veut pleine d’actualité et d’humour. Sauvé par le Dieu, Yashiro peut revenir à la vie, mais sous la forme d’une jeune fille, dans le but de séduire Kenta. Mais d’une fille, il n’a rien, ni les codes, ni l’envie d’en être vraiment une. L’humour et l’ambivalence se retrouvent ainsi non pas dans les dialogues qui se veulent ceux d’une romance tranquille, mais plutôt dans les situations incongrues où le héros, placé dans le corps de fille, doit composer avec sa maladresse. Si Your Name avait plutôt bien traité le thème, Bless You ajoute une dimension charnelle loin d’être lourde ou maladroite, maus au contraire finement amenée, avec surtout les carcans et obligations qui pèsent sur la gente féminine pour être « mignonne », « jolie » ou « populaire ». La petite messagère du dieu nommée Ukon apporte de belles réparties, auxquelles les traductions en français (« non mais vous êtes vraiment un déchet ») donnent du piquant tout au long de ce premier tome.

© 2017 Ayumi Komura / SHUEISHA

Si l’on va du côté du dessin, le style correspond à un Shôjo somme toute assez classique, satirique sur lui-même par moment (« on serait donc dans un boy’s love ??? » pour citer Ukon à nouveau...) avec cette pointe d’auto-dérision qui s’accorde dans les traits, descriptions des personnages à la limite du cliché que la dessinatrice parvient toujours à rattraper au vol. Un travail de longue haleine qu’elle n’hésite pas à partager dans les encolures de chapitre, toujours drôles.

© 2017 Ayumi Komura / SHUEISHA

Joyeuse bousculade des genres sans lourdeur ni lenteur, Bless You joue sur un dieu amusant et un trio de lycéens attachants pour faire avant tout rire, mais aussi sortir des sentiers battus concernant l’homosexualité chez les jeunes gens.