Blackhat de Michael Mann : pourquoi sera-t-il l’un des films de 2015 ?

Dans son dernier article dédié à Blackhat, Pierre Vedral affirme que le film sera le projet "à suivre de très près en ce début d’année 2015". Voici cinq bonnes raisons d’attendre le prochain Michael Mann avec impatience.

L’argument : Hacker suit un détenu en permission et ses associés américains et chinois dans leurs efforts pour traquer et démanteler un puissant réseau de cybercriminalité internationale, les entraînant de Chicago et Los Angeles à Hong Kong et Jakarta.

1. Parce que peu de cinéastes savent façonner des instantanés comme Michael Mann. Il a fait de son sublime Miami Vice le miroir de la fin d’une époque, celle de la disparition du 35 mm au profit de l’immédiate accessibilité des images et des informations. Cette ère de la déshumanisation au profit des valeurs financières était la suite logique de ce que Jean-Baptiste Thoret nommait « la puissance du réseau qui mont(ait) d’un cran » dans The Insider. Alors que ses films fonctionnent très souvent en diptyque (voire en trilogie), Mann semble de nouveau dépeindre un monde qui fait suite à un univers précédemment créé : on devrait cette fois basculer dans l’ère de la fuite permanente des informations susnommées. Pour ceux qui croient encore que ce monde du cyberterrorisme est extrapolé, il suffit de jeter un coup d’œil aux articles de sites tels que lemondedelinformatique pour se rendre compte de l’actualité préoccupante du hacking. « Sony Pictures paralysée suite aux attaques des Guardians of Peace : Suite à l’attaque des cyberpirates du groupe Guardians of Peace, les activités de Sony Pictures Entertainment sont aujourd’hui presque totalement bloquées. Plusieurs semaines après le piratage massif de ses serveurs, Sony Pictures fait un premier bilan du vol de données dans une lettre détaillée adressée à tous ses salariés. Et suite à cette attaque, les activités de la compagnie sont presque totalement paralysées. »

© Universal Pictures International France

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2. Parce que peu de cinéastes arrivent à métamorphoser un blockbuster en "petit frère" du cinéma vérité. Michael Mann est à présent complètement libre de ses choix artistiques. Il peut se permettre de se pencher plus de deux années complètes sur la compilation d’informations sur le sujet qu’il traite, conserver son final cut, produire lui-même sa réalisation et mener à bien son entreprise comme il l’entend. On sait que pour réaliser ses précédents polars, Michael Mann est devenu une véritable mine d’infirmations sur les techniques d’investigations policières et les « combines » des malfrats. Il s’est même lié d’amitié avec un policier et un ancien criminel dans le cadre de ses recherches. Pour Blakchat, ses investigations l’auraient véritablement effrayé. Il confie au Hollywood Reporter “Les choses les plus effrayantes proviennent des gens à Washington. Pas des hackers blackhat. La vulnérabilité de nos systèmes, la facilité pour les hackers de s’y introduire et de les pirater, de contrôler les automates programmables industriels, qui contrôlent l’approvisionnement en eau, les feux de circulation et surtout nos institutions financières.” On devrait donc assister à une fiction, certes, mais lourdement documentée et se basant sur une réalité qui inspire l’auteur depuis toujours : l’un de ses leitmotivs étant « Il y a un langage de la forme dans la vie. »

© Universal Pictures International France

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3. Parce qu’il va probablement métamorphoser Chris Hemsworth en grand acteur, comme il avait réussi à le faire avec Colin Farrell lors du tournage, pourtant épique, de Miami Vice. Que ceux qui clament que l’acteur est le prototype fadasse de l’acteur bodybuildé jettent un coup d’œil aux photos de Stephen Watt : 2,10 mètres de muscles, et pourtant l’un des hackers les plus célèbres au monde... ayant inspiré le metteur en scène pour la caractérisation de son protagoniste interprété par Hemsworth. Pour Blackhat, celui-ci est dirigé par l’un des grands directeurs d’acteurs de sa carrière.

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4. Parce que tout ce qui participe à l’aboutissement du langage cinématographique de l’auteur semble ici réuni : captation numérique (particulièrement nocturne) de haute volée, cadrages judicieux et radicaux, documentation pointue, utilisation sensuelle, romantique et presque jusqu’à l’abstraction de la musique etc.

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5. Et enfin parce des nouveautés semblent également pointer le bout de leur nez… c’est effectivement la première fois que le réalisateur s’attaque au genre du polar géopolitique. Le pitch rappelle nombre de thématiques du Cybermenace du regretté Tom Clancy, lui aussi réputé pour son sens maniaque de la documentation !

Pour ceux qui souhaiteraient se plonger dans l’univers de cet auteur hors normes avant la sortie de Blackhat, un ouvrage, signé par l’un de nos rédacteurs, lui a été dédié. Nous ne saurions trop vous le conseiller.

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