Le 13 août 2018


- Scénariste : Hickman, Jonathan >
- Dessinateur : Tomm COKER
- Coloriste : Michael Garland
- Collection : Urban Indies
- Genre : Thriller, Ésotérique, Policier
- Editeur : Urban Comics
- Famille : Comics
- Date de sortie : 22 juin 2018
Hickman part à la conquête de nouvelles contrées, celles du monde de la finance et de la mystique.
Résumé : Un meurtre a été commis. Les symboles retrouvés sur les lieux du crime font immanquablement penser à une secte. Qui peut vouloir s’en prendre à des financiers ? Que se cache-t-il derrière ?
Après The Manhattan Projects, Hickman continue sa relecture très "personnelle" de l’histoire. La finance gouverne le monde, tout le monde l’admet. Mais qui gouverne la finance ? Et depuis quand ? Pendant le krach de Wall Street de 1929, tout le monde pensait que les courtiers se suicidaient en sautant des fameux grattes-ciels. Et si on les "avait suicidés" pour payer de leur sang le joug d’un démon ? Car oui, c’est bien dans des eaux mystiques que Jonathan Hickman noie le lecteur. Le premier choc pétrolier de 1974, la crise bancaire de 2008... Autant d’événements qui furent orchestrés par les serviteurs du Démon pour régenter en sous-main l’humanité. Le démon rôde partout et laisse des traces, des symboles indéchiffrables pour les non initiés (c’est à dire toute l’humanité moins quelques dizaines de personnes). Lorsque l’on confie l’enquête de ce riche banquier retrouvé mort chez lui à un enquêteur de la police, il va falloir se confronter à un nouveau monde de complots et de rituels sataniques et tenter d’y voir clair dans ce labyrinthe de violence et de magie noire.
Hickman reste donc sur sa ligne de conduite après Manhattan Projects et East of West : des histoires denses pour ne pas dire touffues, des flashbacks permanents, une structure narrative à plusieurs voix. Il est possible de rester sur le carreau et de ne pas pénétrer l’atmosphère religieusement composé par l’esprit du maître. Mais il n’en demeure pas moins l’une des plumes les plus singulières du comics à l’univers très prononcé (ces fameuses femmes blanches, ce cannibalisme latent ...). Une fois la première porte ouverte, non des moindres, on est happé par l’habile talent de tricoteur de l’auteur, enclin à tisser très lentement la toile de son récit pour mieux nous laisser bouche bée au sortir de chaque segment. A travers les époques, les genres (polar, mysticisme, complots...) et surtout à travers l’œil chirurgical d’un conteur moderne qui n’hésite pas à remettre en péril tout l’édifice de la société dans ses récits, le récit démarre très fort. Espérons que le train garde sa vitesse hallucinante dans cette ambiance moite et sombre retranscrite à merveille par Tomm Coker, habile portraitiste qui signe ici quelques vignettes de haut vol.