Le 17 décembre 2014
- Genre : Indie
- Voir le dossier : Bilan 2014
En 2014, on a découvert les derniers Wes Anderson, Jarmusch, Cronenberg, Ferrara, Spike Jonze... Découvrez les 50 titres indie de l’année, principalement anglophones dans leur texture...
En 2014, on a découvert les derniers Wes Anderson, Jarmusch, Cronenberg, Ferrara, Spike Jonze... Découvrez les 50 titres indie de l’année, principalement anglophones dans leur texture...
Le plus beau du cinéma américain est souvent indépendant, il en ressort des cinéastes essentiels qu’il nous a été chers à tous de suivre tout au long de leurs carrières. Intransigeants, sociaux, consciencieux, malins, fantaisistes, les apôtres de Sundance ont fait l’année 2014… On évoquera quelques auteurs britanniques et même un jeune québécois pour couvrir cette année dont tous les plus beaux titres relèveraient presque de ce sous-genre...
Les maîtres :
Grand Budapest hotel a été le champion absolu de cette année dans la catégorie du film d’auteur américain prestigieux. On ne présente plus Wes Anderson qui accueilli plus de 1.400.000 visiteurs dans une bâtisse esquisse peuplée de gens vénérables tels que Bill Murray, Edward Norton, Ralfph Fiennes ou Tilda Swinton.
Only lovers left alive de Jim Jarmusch avec Tom Hiddleston et Tilda Swinton nous a envoûté, chef d’œuvre d’ambiance dans la grandeur déliquescente de Détroit, ce film de vampires rock nous a fait tripper et a été suivi par 306.000 spectateurs. Un triomphe dans le genre art et essai qui permet d’oublier le désaveu du film subi à Cannes en 2013.
Autre monument de l’art et essai à l’américaine, pour un public urbain cultivé qui aime planer la tête enfumée, Her de Spike Jonze et son étrange système d’exploitation incarnée par la voix fantasme de Scarlett Johansson, a été couronné de succès : 448.000 groupies aux pieds de l’âme esseulée de Joaquim Phoenix. Scarlett Johansson était par ailleurs l’égérie extra-terrestre du non-moins ovniesque Under the skin du revenant Jonathan Glazer. Un trip sensoriel qui mérite bien d’intégrer tous les tops 10 de fin d’année… 140.000 spectateurs y ont laissé la raison.
Choquant, crade, douloureux Joe de David Gordon Green investissait les moiteurs sudistes des USA de l’auteur Larry Brown. Point de Matthew McConaughey en tête d’affiche, mais Nicolas Cage en pleine rédemption : 163.000 spectateurs, le public n’as pas répondu à l’appel. Un flop parmi les géants.
Nebraska de Alexandre Payne, d’une beauté esthétique transcendante était un voyage d’un autre âge dans l’Amérique mythique imposée par la figure burinée jouée par Bruce Dern. Onze mois après Cannes, le film est sorti dans l’anonymat avec 111.000 locaux. No comment !
Pasolini d’Abel Ferrara, le sulfureux réalisateur new-yorkais, ressuscite l’artiste italien pour un faux biopic sur les derniers instants de la vie de l’auteur de Salo ou les 120 jours de Sodome. Le film indépendant comme un cheval au galop, est un mélange libre de fiction, de poésie et d’instants fous transcendé par le style d’un auteur qui nous a livré la même année le pathétique Welcome to New York avec Depardieu en D.S.K. On l’avait cru alors mort. Le film était par ailleurs sorti en VOD, durant le festival de Cannes, puis, en DVD. Pasolini sortira le 31 décembre.
The Homesman, western crépusculaire signé par l’acteur Tommy Lee Jones, aidé par EuropaCorp, a été un fulgurant échec mondial (à peine 330.000 cow-boys en France), malgré une sortie parallèle au festival de Cannes. C’est toutefois mieux que les 250.000 étoiles de Maps to the stars de David Cronenberg qui bénéficiait de la même promo sur la Croisette. Le réalisateur de Videodrome (ressorti en octobre), nous a toutefois davantage convaincu qu’avec Cosmopolis, pour lequel il retrouvait le malingre de poids, mais pas de jeu, Robert Pattinson, qui était aussi intransigeant de composition dans un autre film cannois passé inaperçu en salle, The Rover, de David Michôd, postnuke australien nihiliste dépouillé qui a réalisé sur toute sa carrière autant qu’une première séance de Twilight, à savoir 50.000 amoureux de l’ex de Kristen Stewart.
Parmi les gagnants de l’année, l’on notera l’impressionnante fresque familiale de Richard Linklater, Boyhood, avec Ethan Hawke et Patricia Arquette. L’émouvant procédé, consistant à filmer la vie d’un enfant au fil des années, a montré que Linklater n’était pas seulement un nom associé à jamais à une trilogie - les Before Sun-. L’expérience, accomplie en plein été, a été suivie par 255.000 spectateurs, malgré une durée peu avenante de près de 3 heures. Nommé aux Golden Globes, Boyhood s’inscrit parmi les favoris aux Oscars 2015.
Au vu de son budget et de sa production de studio, on n’inclut pas Gone Girl de Fincher, mais on y pense fortement : 1.900.000 entrées et enfin un rôle intéressant pour le très fade Ben Affleck, dont on ne se remet de la présence dans le costume de Batman. Rosamund Pike y était délicieusement vénéneuse.
Les Valeurs montantes
Formidable Xavier Dolan qui a ni plus ni moins sorti deux très grands films cette année. Il était au printemps aux commandes du thriller atavique Tom à la ferme, moins enclin à ses tics habituels. Le cinéaste canadien captait enfin un début d’audience (un peu moins de 140.000) avec cet hommage déglingué au cinéma d’Hitchcock. Mais c’est avec Mommy, en octobre, que le grand public découvrira vraiment son nom. Ce long clip vidéo souvent génial, mais à l’émotion démonstrative, avec trois comédiens à cran et bouleversants, met tout le monde d’accord, sauf la présidente du Jury à Cannes qui le snobe au palmarès, en lui préférant le somnifère turc Winter Sleep. Avec près d’1.100.000 entrées, le public a fait son choix et le jeune Dolan est devenu une idole à l’ego aussi fascinant qu’insupportable…
Dans un genre gay-friendly pop et acidulé, White Bird a confirmé l’importance de Gregg Araki dans la production indépendante de Los Angeles, même si 50.000 spectateurs ont été tentés par le virage à 90° de la star de Divergente, Shailene Woodley. C’est peu.
Kelly Reichardt nous a conquis une fois de plus en 2014 avec Night moves, thriller écolo qui prouvait l’étendu du talent de Jesse Eisenberg, vu et beaucoup apprécié dans The Double de Richard Ayoade avec également Mia Wasikowska, prêtresse de l’indie movie : 55.000 entrées pour l’un, 22.000 pour le second.
Mike Cahill a confirmé avec I Origins tout le bien que l’on pensait de son œuvre ésotérique, même si Deauville ne l’a pas aidé à se faire une place au box-office. Le trio d’acteurs Michael Pitt, Brit Marling et la française Astrid Berges-Frisbey étaient pourtant épatants.
En provenance du Royaume Uni, l’acteur avec Jack O’Connell a mis tout le monde d’accord en adolescent furieux dans Les poings contre les murs de David MacKenzie, sorte de chef d’œuvre du film carcéral du niveau d’un Au nom du fils, et on l’a revu dans ‘71, qui venait apporter une bonne dose d’humain au cœur du conflit nord-irlandais. Deux semi-échecs en salle, avec 88.000 et 58.000 entrées.
Enemy de Denis Villeneuve a confirmé l’incroyable magnétisme de Jake Gyllenhaal dans des rôles étranges, le film était même carrément abscons et nous l’avons adoré. L’acteur aime prendre des risques et il l’a confirmé dans le décapant Night Call trois mois plus tard, qui s’apprête à finir sa course à 400.000 passager pour sa fin de carrière, voire même plus.
J.C. Chandor nous a une fois de plus conquis, après le drame aquatique All is lost, l’un des plus grands rôles de Redford, il a signé l’un des derniers grands films de 2014 avec A most violent year, retour dans le New York décadent du début des années 80, avec Oscar Isaac, Jessica Chastain, deux acteurs qui sont de la graine des très grands. En salle le 31 décembre.
Les révélations
Cold in July aura permis à Jim Mickle (Stake Land, We are what we are) de sortir enfin l’un de ses longs dans une salle en France, son thriller noir avec Michael – Dexter – C. Hall, est de la veine des grands polars glauques qui comptent. On n’oublie pas l’incroyable musique empreinte de synthétiseur à la Carpenter de la grande époque qui installe le film dans la veine des productions 70-80s. En salle le 31 décembre. Décidément. Dans des genres semblables, c’est-à-dire des chocs furieux sortis de l’écurie Wild Side/Wild Bunch/The Jokers, nous citerons aussi le monumental The Raid 2 de Gareth Evans, plus de 2h30 d’action épique et le plus intimiste Blue Ruin de Jeremy Saulnier, réflexion sur la violence totalement barrée ! Les deux n’ont pas trouvé leur public, mais sont des œuvres cultes de l’année 2014 !
Impossible de ne pas citer le sensible States of Grace de Destin Cretton avec Brie Larson, quand on parle de révélation indépendante, tant cette petite production ultra sensible aura concentré tous les attraits du cinéma dit de Sundance, avec ses personnages à fleur de peau, ses moments de détachements fantaisistes, ses émotions cathartiques. Avec 91.000 entrées, le film a été une aubaine inespérée pour son jeune distributeur, Version Originale / Condor.
Palo Alto de Gia Coppola nous a totalement hypnotisé de ses blessures béantes d’adolescents en pleine (dé)construction. La petite dernière des Coppola a bien le talent de sa tante et le fait savoir avec une œuvre mélancolique, musicale, avec Emma Roberts et James Franco, qui avait écrit le bouquin original…
On a également beaucoup apprécié le très arty/bobo Swim little fish, production française réalisée par Lola Bessis et Ruben Amar, dans le ton de la scène new-yorkaise. Le cœur battant de Roberto Minervini, l’émouvant documentaire A la recherche de Vivian Maier de John Maloof (un vrai succès d’estime), le docu sur l’icône de John Waters I am Divine, Coldwater de Vincent Grawshaw, et les emprunts étranges au western que sont Young Ones de Jake Paltrow et The Salvation de Kristian Levring, n’ont pas démérité. Mais au box-office, le public retiendra surtout le charme de New York Melody de John Carney avec Mark Ruffalo et Keira Knightley (270.000 mélomanes). Toutefois la France attend Whiplash de Damien Chazelle, qui pourrait créer des vagues dans son secteur indépendant le 24 décembre… Un film sur le harcèlement entre un prof et son élève, d’une force percutante !
Peut mieux faire
Œuvres appliquées, How I live now (Maintenant, c’est ma vie) de Kevin MacDonald, et Last Days of summer de Jason Reitman avec Kate Winslet en magnifique dépressive, et Josh Brolin, sont passés relativement inaperçus.
Les déchéances :
On passera très vite sur The Canyons de Paul Schrader, énième rejeton raté du réalisateur de Mishima, avec Lindsay Lohan (sic), Serena de la Danoise Susanne Bier (Brothers, Revenge), avec le couple de stars Jennifer Lawrence et Bradley Cooper au rabais. Totalement foireux, cette production glamour a rassemblé 80.000 spectatrices à quinze jours de la sortie de Hunger Games 3, avec la même star féminine, c’était un flop total.
En vrac :
A citer parmi les films indie cette année : Lovelace, biopic de Rob Espstein et Jeffrey Friedman, très froid sur le milieu du X des 70’s, Comrades de Bill Douglas, Moonwalk one de Theo Kamecke, Ping Pong Summer de Michael Tully, The Face of love d’Arie Posin avec Ed Harris, Annette Benning et Robin Williams, dans son dernier rôle, Obvious Child de Gillian Robespierre, Love is strange de Ira Sachs avec John lithgow et Alfred Molina, Paradise lost de Andrea di Stefano, et le film choral Puzzle de Paul Haggis, qui a prouvé que Liam Neeson, sans arme à feu à la main, en 2014, ce n’est plus vraiment ça. Et puis n’oublions pas Matthew McConaughey et Jared Leto dans Dallas Buyers Club qui tenait surtout du film à Oscar à la lisière de l’académisme. Il nous a partagés. 372.000 spectateurs ont été voir McConaughey faire son numéro mélo.
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