Berlin Express - Jacques Tourneur - critique

Critique : Sans temps mort, Jacques Tourneur nous invite à un film d’espionnage ancré dans la réalité de l’époque. Les personnages principaux, de nationalités différentes, vont se retrouver dans le même train en partance pour Berlin. Mais tous n’ont pas que de bonnes intentions. On le sait dès la scène d’ouverture, par un pigeon mort retrouvé avec un mystérieux message à la patte désignant précisément ce train, qui fera l’objet d’une tentative d’attentat pendant son voyage : tout le monde n’a pas intérêt à la réunification.

Il s’agit du premier long métrage américain d’après-guerre tourné sur le lieu même du conflit. Si la première partie dans le train rappelle l’ambiance d’ Une femme disparaît (The Lady Vanishes d’Alfred Hitchcock 1938), la seconde s’apparente souvent au documentaire, agrémentée d’une voix off qui commente les images de villes allemandes en ruines, bombardées avec précision, épargnant ce qui sera ultérieurement utile aux alliés ! On apprend aussi que la seule monnaie valable dans un marché noir florissant n’est pas l’argent, mais les cigarettes.

Mais le cinéaste n’oublie pas le spectacle avec une course-poursuite débutant dans des cabarets clandestins pour finir dans une cave de brasserie dans la ville de Frankfort-sur-le Main.

Parfois schématique dans sa représentation des différentes nationalités, et souvent naïf sur sa vision de la politique, ce curieux film de commande fait preuve d’un remarquable dynamisme, est doté d’une solide distribution, et reste un témoignage précieux sur l’Europe de l’immédiat après-guerre.