Le 20 avril 2025


- Scénariste : Patrick Horvath>
- Dessinateur : Patrick Horvath
- Genre : Thriller, Polar
- Famille : Comics, Roman graphique
- Date de sortie : 10 janvier 2025
Que se passe-t-il lorsqu’une tueuse en série découvre qu’un autre individu sévit dans sa propre ville ? Patrick Horvath détourne les codes du récit animalier pour offrir un thriller captivant qui n’est pas sans rappeler la série Dexter.
Résumé : Samantha Strong tient une quincaillerie dans la charmante bourgade de Woodbrook, où tout le monde se connaît et se fait confiance. Elle mène en apparence une existence parfaitement tranquille au milieu de ces habitants… sauf que Samantha est une tueuse en série maniaque. Régulièrement, l’ourse se rend dans la grande ville pour assassiner parfaitement au hasard, un habitant qu’elle découpe ensuite minutieusement dans la forêt, avant d’enterrer les morceaux du corps et de reprendre le cours normal de sa vie. Jusqu’ici, personne ne la soupçonne. Mais le jour de la parade du village, Woodbrook est confronté à un terrible événement : le corps de Martin, un sympathique habitant du village, est retrouvé crucifié. Samantha, qui n’y est pour rien dans ce meurtre, décide de mener l’enquête : il n’y a pas de place pour deux meurtriers à Woodbrook, et elle ne voudrait que l’événement ne jette le soupçon sur elle…
Critique : Depuis Dexter, le polar s’aventure plus régulièrement à nous mettre dans la tête du meurtrier. Patrick Horvath s’inscrit dans cette veine en positionnant son récit du point de vue de Samantha Strong, cette ourse psychopathe, meurtrière en série au sang froid, qui se mêle aux autres habitants. Ses deux seules règles : choisir une cible au hasard, et commettre ses crimes en-dehors de Woodbrook, pour plus de discrétion. On comprend que Samantha n’a aucune forme d’empathie pour ses habitants, y compris pour Lola, celle qui « s’apparente le plus » à une amie, victime d’une maladie neurodégénérative et que son fils accompagne. Sa seule motivation pour retrouver le tueur qui sévit à Woodbrook : que tout revienne à la normale pour qu’elle reprenne le cours habituel de ses crimes. Mais si sa présence avait motivé le tueur à officier à Woodbrook ?
- © Patrick Horvath / Ankama
Pour mettre en scène son histoire, Patrick Horvath joue sur une série de contrastes : la grande ville où personne ne se connaît, espace de danger où Samantha peut commettre ses crimes, versus le bourg où tout le monde se connaît ; le dessin animalier réalisé à l’aquarelle avec des couleurs douces et des personnages à l’allure mignonne face à la violence des meurtres. Ce jeu de contraste renforce le bouleversement de l’ordre des choses à Woodbrook : frappé par ce meurtre, la communauté naguère soudée se délite. Les habitants critiquent le shériff, se méfient soudain les uns des autres, s’enferment chez eux le soir… La tension devient soudainement palpable, et de vieilles rancœurs se réveillent.
Si ces thématiques – le dessin animalier détourné, le paisible village frappé par le crime, la focale centré sur un tueur – ont déjà été abordées dans le polar et ne surprendront pas réellement les lecteurs aguerris, Beneath the trees where nobody sees séduit par la qualité de son écriture, en particulier l’exploration de la psyché de Samantha Strong, par ses dessins séduisants et le sens de la mise en scène morbide de Patrick Horvath, présent dès la couverture de l’album.
160 pages – 19,95 €