Le 12 janvier 2022
Malgré ses défauts, Bass Rock est un bon roman d’atmosphère qui fait la part belle aux femmes et dénonce l’oppression masculine ayant cours depuis des siècles.
- Auteur : Evie Wyld
- Editeur : Actes Sud
- Genre : Roman
- Nationalité : Anglaise
- Traducteur : Mireille Vignol
- Date de sortie : 5 janvier 2022
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
L'a lu
Veut le lire
Résumé : Dans l’Écosse superstitieuse du XVIIIe siècle, Sarah, une jeune fille de quatorze ans traquée pour sorcellerie, est secourue par le pasteur du village. Ils prennent la fuite à travers la forêt mais sont rapidement pris en chasse. Après avoir épousé un vétéran de la Seconde Guerre mondiale père de deux enfants, Ruth part s’installer sur la côte écossaise, au bord de la mer du Nord. Dans sa grande demeure, face à l’îlot de Bass Rock et à ses colonies de fous de Bassan, le bonheur semble à portée de main, et pourtant… Les voyages d’affaires de son mari se font de plus en plus fréquents, et l’étrange présence qu’elle perçoit dans la maison ne fait qu’accentuer son malaise. Six décennies plus tard, Viviane, une quadra londonienne un peu paumée, retourne dans la maison de vacances de son enfance. Tandis qu’elle y dresse l’inventaire des biens de son aïeule Ruth, des fragments du passé refont surface, éclairant d’un jour nouveau la légende familiale. Sarah, Ruth, Viviane, un même destin, à travers les années : une vie circonscrite par les désirs des hommes.
Critique : Véritable roman d’atmosphère, Bass Rock rend hommage à l’Écosse, une Écosse grise et mélancolique, un peu mythique et un peu lugubre. En empruntant autant aux Romantiques qu’aux Victoriens, Evie Wyld crée trois femmes, entre XVIIIème, XXème et XXIème siècle. Sarah, une sorcière rousse, est perdue dans la forêt, alors que les deux femmes, dont les voix font écho à la sienne, ont le visage battu par les embruns, le corps malmené par le vent marin, abritées par les mêmes murs d’une bâtisse froide et inquiétante. Viviane doit vider la maison pour la vendre, la garder, tout en tâchant de la dépouiller de ses souvenirs qui, pourtant, reviennent la hanter. Sa grand-mère, Ruth, y a vécu des années malheureuses et sa peine austère a imprégné les pierres de la demeure qui fait face à la mer. Le fil de leur vie est déroulé en parallèle, chacune prenant corps peu à peu, femmes fortes et marquantes, à défaut d’être attachantes. Sarah, elle, n’est là qu’en filigrane, simple exemple supplémentaire de la cruauté des hommes, de l’immémoriale domination masculine. Puis, bientôt, une quatrième héroïne les rejoint, se glisse entre les pages, ce qui brouille le message de l’autrice et ses intentions.
En effet, le défaut principal de ce livre reste le manque d’harmonie structurelle, d’équilibre entre les héroïnes – et peut-être de clarté. Là où Ruth et Viviane ont une place légitime, se font les porte-étendards de l’engagement du roman, les silhouettes des autres femmes sont floues, lignes mouvantes, fuyantes, qui se mélangent – rappelons d’ailleurs que le résumé ne parle que d’un triptyque. Malgré ces pages finalement peu nombreuses et déconcertantes dans le mauvais sens du terme, Bass Rock est un livre féminin et féministe qui dépayse. Les phrases efficaces de l’autrice permettent à une véritable ambiance de planer sur le roman, à une aura de se former lentement, au rythme indolent de la lecture.
Evie Wyld - Bass Rock
Actes Sud
14.50 x 24.00 cm
336 pages - 22,50 €
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.