Le 19 juin 2021
Voici un roman magnifique, émouvant et sensible sur le pouvoir de l’art et l’humanité sous la dictature communiste bulgare des années 1950-1960.


- Auteur : Victor Paskov
- Collection : Mikros
- Editeur : L’Aube
- Genre : Roman
- Nationalité : Bulgare
- Traducteur : Marie Vrinat
- Date de sortie : 8 avril 2021
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur

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Résumé : Dans la Bulgarie communiste d’après-guerre, un enfant découvre la musique en même temps que l’amour de l’art et l’amour de ses frères humains. Grâce à la rencontre avec un luthier, sorte de passeur des mondes, il accède à la possibilité d’évasion.
Critique : Les éditions de l’Aube ont l’excellente idée de republier ce classique de la littérature bulgare du vingtième siècle.
Le narrateur se souvient… Pour ses cinq ans, le père de Victor, trompettiste à l’Opérette, l’emmène chez un maître tchèque de la lutherie, Georg Henig, afin qu’il lui fabrique un violon à sa taille. Dans cette famille pauvre de Sofia, la mère, issue de la bourgeoisie terrienne déchue par les nationalisations, place tous ses espoirs d’élévation sociale dans la virtuosité de son fils. Cinq ans plus tard, Victor n’est malheureusement pas devenu un prodige, mais son père s’est mis en tête de prouver à sa femme qu’il peut satisfaire son désir d’ascension en lui fabriquant un buffet. C’est ainsi qu’ils croisent à nouveau le chemin du vieux luthier, désormais oublié de tous dans une cave misérable et insalubre. Grâce au musicien qui se démène pour faire rétablir ses droits, le nonagénaire recouvre assez de forces pour exécuter sa dernière œuvre et, sous les yeux émerveillés de l’enfant, ce grand-père de conte de fées façonne un violon pour Dieu avant de rejoindre les ombres de ses morts. A travers ses personnages singuliers et attachants, l’auteur retrouve le regard à la fois naïf et révolté de l’enfance. Le violon démesuré du luthier comme le buffet hors normes du père s’opposent symboliquement au régime communiste implacable, lequel avait aboli le droit d’héritage au nom de l’égalité, effaçant ainsi l’histoire et la transmission entre les êtres. Ces deux créations d’art issues de l’imagination individuelle expriment les richesses humaines, dérisoires seulement en apparence, essentielles au sein de ce monde violent et déshumanisant.
216 pages - 12 euros