Le 1er décembre 2018
Un film somptueux, aux décors magnifiques et à la mise en scène de toute beauté, qui permet à Deepika Padukone de montrer toute l’étendue de ses talents de danseuse.
- Réalisateur : Sanjay Leela Bhansali
- Acteurs : Priyanka Chopra, Ranveer Singh, Deepika Padukone
- Genre : Drame, Historique, Romance, Bollywood
- Nationalité : Indien
- Distributeur : ESC Distribution
- Editeur vidéo : E.S.C. Editions
- Durée : 2h38mn
- Date de sortie : 25 juillet 2018
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Résumé : En Inde, au début du 18e siècle, Bajirao, haut dignitaire hindou et guerrier émérite est marié à Kashi Bai. Dans une autre province, Mastani princesse musulmane, lui demande son aide pour combattre l’envahisseur qui la menace. Bajirao, impressionné par ses qualités de guerrière, accepte de l’aider et réussit à vaincre les ennemis. Contre toute attente, Mastani et Bajirao tombent amoureux. En pleine reconquête de l’Inde, Bajirao est tiraillé par deux amours, résistera-t-il aux assauts du cœur, contre la raison d’État ?
Critique : Épique. C’est en substance et de très loin le mot le plus approprié pour qualifier le nouveau film du réalisateur de Devdas (2002), qui s’est donné pour mission d’éblouir le spectateur lambda en proposant une superproduction qui témoigne du savoir-faire des Indiens pour mettre en valeur leur Histoire. Sanjay Leela Bhansali a donc choisi de s’attarder sur l’histoire vraie du Peshwa (sorte de premier ministre également militaire ; le shogun indien !) Bajirao, chef hindou qui prit comme seconde épouse une certaine Mastani, héritière musulmane dont l’amour pour le fleuron de la politique indienne de l’époque n’a cessé de provoquer les pires conflits. Tout en romançant cette incroyable histoire d’amour impossible, le réalisateur ancre son film dans la réalité et surtout dans l’actualité, puisque chaque situation de Bajirao Mastani fait référence au système de castes qui sévit encore en Inde.
Certes apocryphe, cette romance qui s’inscrit dans un film d’une beauté visuelle saisissante ne cherche pas à cacher le message politique du réalisateur, dont les polémiques n’entachent ni l’enthousiasme ni la carrière. Dans un pays où le cinéma est aussi vital que l’air que les Indiens respirent et aussi viral que le dernier même à la mode, des films comme Bajirao Mastani déclenchent parfois des réactions inattendues. Si le réalisateur indien Anurag Basu a déclaré un jour : « Le cinéma, c’est le ciment de la nation », ce n’est pas rien.
- © Rapid Eye Movies
Car si Bollywood est la première industrie cinématographique au monde en termes de volume, avec un marché gigantesque déjà en Inde et auprès de la diaspora indienne à l’étranger, ce cinéma musical souffre d’une image très caricaturée auprès d’Hollywood et du public occidental. Les regards moqueurs et les sourires gênés montrent clairement que le spectateur lambda ne fait pas la différence entre le cinéma indien et Bollywood, qui implique des chants, de la danse et oui, disons-le sans détour : du kitsch. Les à priori empêchent le public occidental de bénéficier d’une couverture optimale dans les salles afin de se faire sa propre opinion – ainsi, sorti sur les écrans indiens en décembre 2015, Bajirao Mastani n’arrive en France qu’en 2018.
Pourtant, la réussite de l’industrie bollywoodienne ne s’invente pas et devrait au contraire servir d’exemple, notamment dans la gestion d’un budget restreint pour chaque film, avec lequel des réalisateurs comme Sanjay Leela Bhansali parviennent à faire des merveilles. Ainsi, 18 millions d’euros ont suffit à Bajirao Mastani pour déployer une farandole de costumes et de décors somptueux là où les Avengers et les Pirates des Caraïbes bénéficient de centaines de millions de dollars de budget, pour un résultat jugé plus que discutable. Face à une telle splendeur, l’humilité devrait plutôt être de mise, car le savoir-faire est indéniable.
- © ESC EDITIONS
Également chorégraphe, Sanjay Leela Bhansali a chorégraphié personnellement et composé certaines des chansons du film. Passionné de ballets et de musiques, il propose ici des scènes superbes, aidé par trois acteurs qui font partie de son cercle privé et ont déjà fait leurs preuves dans des films qui ont bousculé le box-office indien. Le trio amoureux est ainsi composé de Priyanka Chopra, star de la série Quantico, dans le rôle de l’épouse jalouse de la passion de son mari joué par Ranveer Singh, digne successeur de la star vieillissante Shah Rukh Khan, amoureux de la belle Deepika Padukone, certainement la meilleure danseuse actuelle sur la scène Bollywood. Ces trois acteurs sont éblouissants dans des numéros de danse qui devraient rester dans les annales. Quelle énergie, quelle fougue ! A côté d’une telle passion et d’une telle implication, les plus grandes stars occidentales ont l’air de délivrer le service minimum. Mention spéciale à Ranveer Singh qui livre, pour le morceau Malhari, une performance époustouflante qui devrait coller le spectateur incrédule et ébahi dans son siège.
- © ESC EDITIONS
En gardant auprès de lui des acteurs qui lui ont permis de se hisser au sommet, le réalisateur Sanjay Leela Bhansali signe une trilogie qui ne laissera personne indifférent, entre Ram-Leela (2014), Bajirao (2015) et Padmaavat (2018) qui a suscité une controverse sans précédent en Inde par un public qui pensait que le film salissait l’honneur de la communauté Rajput, de confession hindoue. Dans ce long-métrage tiré d’une histoire vraie pour lequel elle a été menacée de mort, Deepika Padukone interprète une princesse rajput vivant au XIIIe siècle qui, pour échapper au monarque musulman de Delhi qui la courtisait, a choisi de s’immoler par le feu.
L’ampleur de la polémique et des réactions du public a choqué le monde entier, mais donner une preuve supplémentaire qu’en Inde, le cinéma ne se joue pas : il se vit. Bajirao Mastani propose donc plus qu’une expérience qu’une simple séance. Jusqu’à l’envoutement.
- © 2018 ESC Distribution. Tous droits réservés.
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