Avengers : intégrale 1977 - La chronique BD

Qu’il était bon le temps du super-vilain de la semaine ou du mois (selon si on est en France ou aux États-Unis). Hormis quelques récits déjà étirés sur plusieurs numéros, à la fin des années 1970, c’est bien le stand alone qui règne sur Marvel. Il y a certes des crossovers ou quelques vilains dont on a bien du mal à se défaire mais l’essentiel de l’action est là : une histoire, un super-méchant face à des super-héros seuls ou en bande (comme c’est évidemment le cas des "mighty" avengers). Le recueil Avengers de l’année 1977 n’échappe pas à la règle puisqu’on y finit une histoire réunissant Fatalis et Namor avant d’y retrouver Graviton, le Moissonneur ou encore Ultron... Que de visages connus à l’époque et encore aujourd’hui pour certains (Ultron...). Un joli défilé de bad guys tous plus méchants les uns que les autres sans pour autant être vraiment effrayants (excepté Thanos peut-être). On sait pertinemment comment tout cela va finir, dans une forme déjà un peu désuète à l’époque. Le comics a fait du chemin depuis... Mais on est entre de bonnes mains : Buscema, Byrne pour les plus connus au dessin et Starlin, l’un des grands scénaristes de l’époque.

On sait d’office qu’il n’y a aura pas de révolution, les auteurs sont en pilote automatique, ne prennent pas de risque. On est ni trop en danger, ni trop en sûreté, la zone de confort est là. Et dans cet espace neutre, à comparer avec le caractère plus adulte contemporain, il est marrant de voir à quel point les pouvoirs des Avengers semblent assez faibles comparés à la puissance qu’aujourd’hui n’importe quel membre dégage (si l’on excepte Thor et Vision). Rien à craindre, nous assène-t-on. Heureusement, dans ce simplisme apparent, quelques histoires cachent en leur sein les germes de ce qui fera la force des "Vengeurs" comme on les appelait auparavant. C’est ainsi que l’humanité de Vision et de Wonder Man (qui est en réalité la matrice à partir de laquelle on a créé Vision) est remise en question et la relation amoureuse du premier avec La Sorcière Rouge pose bien des soucis. On est donc dans des récits premiers assez sommaires et enfantins mais on ne perd pas de vue un sous-texte plus profond sur la nature de l’homme et du robot. Ce n’est pas primordial encore dans les aventures faiblardes de cette année 1977 mais nous n’en sommes encore qu’aux balbutiements de récits plus adultes. Relire ces épisodes-là, c’est un peu assister à l’enfance de l’Art, dans ce qu’elle a de plus agaçant, pour mieux saisir la portée de ce qui viendra quelques années plus tard. Le sentiment de gagner en maturité en même temps que son périodique préféré n’en est que plus évident.