Le 5 juillet 2015
Un inédit de Welles qui n’a rien du fond de tiroir. Forcément indispensable.
- Réalisateur : Orson Welles
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Britannique
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Durée : 2h35mn
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– Sortie DVD : le 8 juillet 2015
Un inédit de Welles qui n’a rien du fond de tiroir. Forcément indispensable.
L’argument : En 1955, Orson Welles réalise une mini-série de six épisodes pour la télévision anglaise. L’occasion pour le spectateur de voyager à travers l’Europe avec le grand cinéaste américain, de Paris à Vienne en passant par Madrid, et de découvrir les us et coutumes de ces régions...
Notre avis : Rien de ce qui concerne Orson Welles ne peut être indifférent. Le génial auteur de Citizen Kane, contacté par une chaîne de télévision britannique naissante, avait accepté de réaliser sept épisodes d’une série « documentaire » mais, fidèle à sa légende, il s’en désintéressa pour privilégier son film, Mr Arkadin. Il en subsiste six, réunis sur le premier DVD, tandis que le septième, consacré à l’affaire Dominici, reste à l’état de projet mis en forme par Christophe Cognet sur le second disque. Malgré le succès, la collaboration s’interrompit sur cet inachèvement.
Ce qui frappe à la vision de la série, c’est l’incroyable diversité d’approche : de la pédagogie (la corrida, épisode 6) à la longue interview de retraités (Londres, épisode 5), en passant par la mise en scène avec un journaliste (Saint-Germain des Prés, épisode 4) et malgré des répétitions dans les deux premiers épisodes consacrés au Pays Basque, c’est toute une palette télévisuelle que Welles a développée. Ici comme ailleurs, c’est à dire au cinéma ou à la radio, il innove, imposant dans le cadre son corps massif à l’image. Que ce soit en simple spectateur dans l’arène ou en interlocuteur magnifiquement empathique, il est omniprésent et multiplie les anecdotes tout en donnant abondamment la parole en une succession de portraits qui propose parfois un axe étrange : qui en dehors de lui aurait eu l’idée d’aborder Vienne par ses pâtisseries (épisode 3) ? Bien sûr, la couleur locale a sa place, mais elle est toujours confrontée à son corps imposant et à sa voix chaleureuse. Il est en quelque sorte le contrechamp obligatoire de l’endroit visité.
Pour nous, habitants d’un monde de plus en plus uniformisé, les films ont un charme désuet, celui d’une époque où les particularités étaient encore vivaces. Voir des écoliers en culottes courtes ou les Dominici labourer à l’ancienne, c’est replonger dans un temps disparu et que Welles sent confusément en mutation. Témoignage donc, et précieux, jusqu’à ces images des fils Dominici dont on se demande comment elles ont pu rester inédites.
On le voit, Autour du monde avec Orson Welles n’a rien du fond de tiroir pour cinéphile fétichiste ; d’autant que çà et là percent des réflexions qui prennent aujourd’hui tout leur sens : que ce soit sur les loisirs « assistés », c’est à dire technologiques, le rythme moderne, la nourriture trop riche ou la question de la dignité des personnes âgées, l’acuité du regard ne laisse de sidérer. Et cette réflexion, jamais pesante, s’inscrit dans un cadre narratif qui laisse place à l’émotion ou au rire. Autrement dit, comme il l’a fait pour le cinéma avec Citizen Kane, Welles s’empare des moyens du médium pour les subvertir en douceur, transformant une banale commande (« des films de vacances ») en vision personnelle. On regrette d’autant plus, malgré la reconstitution de Christophe Cognet, qu’il n’ait jamais achevé l’ultime épisode.
Les suppléments :
Deux introductions de Christophe Cognet (7 et 3 minutes), riches en informations mais un peu rapides.
L’image :
La plupart du temps, la restauration rend au noir et blanc sa précision et ses nuances. Quelques plans en retrait.
Le son :
La seule piste disponible,Dolby Digital 2.0 mono, propose un son inégal, avec des manques de définition évidents. L’ensemble est cependant correct, sans souffle ni parasites.
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