Le 31 octobre 2017
Une adaptation réussie du livre de François Bégaudeau.
- Acteurs : Cécile Martinet, Yasmine Bargache
- Durée : 1h10min
- Genre : Théâtre (spectacles)
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Résumé : Peut-on raconter publiquement sa maternité ? Celle de sa mère ? Nos désirs ou non-désirs d’enfants ? Est-ce tabou ? Emmanuelle et Judith racontent de manière frontale, avec douceur, franchise et une dérision vivifiante, leur parcours de maternité. Tantôt contant, tantôt dansant, elles font vivre au public leurs effrois, leurs joies et découvertes ; ainsi que les fractures familiales ou les apaisements qu’elles n’auraient jamais pu imaginer AVANT. C’est, selon l’auteur, l’expérience humaine « la plus spirituelle et la plus matérielle qui soit. »
Notre avis
En dépit d’un espace restreint, qui limite les déplacements des comédiennes, l’adaptation scénique déploie une énergie et une drôlerie qu’on retrouvait déjà dans le texte de l’écrivain, Au début, publié en 2012. Ce sont deux récits qui fournissent la matrice de ces mises en situation, où alternent monologues, dialogues et chorégraphies charnelles. Un énorme ballon de yoga, rond comme un ventre, circule entre les deux personnages. Il permet à la fois une incarnation, lorsqu’il figure les parturientes et une mise à distance, lorsqu’il rebondit, montre que ces femmes émancipées n’oublient jamais qu’elles jouent aussi à devenir mères, pour ne pas être totalement réduites à ce rôle. D’ailleurs, la plus jeune, gouaille en bandoulière et perfecto de rigueur, n’aurait jamais obéi à cette assignation sociale, qui désira pourtant un enfant, quand l’autre se lova dans cette anatomie devenue courbe, avant de découvrir qu’en même temps qu’il lui donnait des ailes, ce nouvel état définirait les frontières d’un état nommé Maternité.
Les deux témoignages ne glorifient pas, ne dénigrent pas cette singulière expérience : ils donnent à voir le réel, à travers la matérialité des corps féminins ou des mots qui racontent, plus qu’ils ne commentent. Bien sûr, on y retrouve les aliénations auxquelles sont contraints ces deux personnages, avant et après la maternité. En cela, le spectacle rappelle l’irréfragable destin des femmes soumises à la domination masculine, jusqu’à l’implicite du désir des hommes qui est de les voir enfanter et parfois leur distance subséquente, lorsqu’ils les voient enceintes. De cette situation, il n’infère pas que la lâcheté du sexe dit fort soit ontologique, parce qu’il n’entre pas dans le programme du spectacle de définir un éternel masculin comme un éternel féminin. Sinon, Pavel, l’un des pères mentionnés, n’existerait pas, non plus que son désir d’avoir un bébé.
On identifie plutôt la pesanteur des discours institutionnels : ainsi, le texte n’ignore pas que le cercle familial resserre de manière conséquente l’étau de sa morale et que ses exhortations s’adressent avant tout au sexe dit faible. La force de l’habitude tient parfois au fort ancrage d’une généalogie. A d’autres moments, pour souligner la permanence du problème structurel, il suffit de mentionner la réaction du père, anticipant de facon gourmande une contraction sur le monitoring.
Au départ se joue encore jusqu’à la fin de la semaine. On ne saurait trop le conseiller.
Théâtre La Croisée des Chemins.
Du 21 septembre au 3 novembre 2017 : Jeudi-Vendredi 21h30
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