Le 18 avril 2018
- Scénariste : Jeff Lemire>
- Dessinateurs : David Rubín, Dean Ormston
- Collection : Urban Indies
- Genre : Super héros
- Editeur : Urban Comics
- Famille : Comics
- Date de sortie : 13 avril 2018
Jeff Lemire continue de nous émerveiller à mesure que son univers de super-héros s’agrandit.
Résumé : Les années passent et pour la plupart des anciens héros de Spiral city, l’isolement et la vie en comité restreint sont de plus en plus difficiles à supporter. Si Abe essaie tant bien que mal de se bâtir un semblant d’équilibre familiale et sentimental, Gail, Barbalien ou encore le colonel Weird restent désespérément attachés à leurs vies passées. Et si l’irruption surprise de Lucy Weber, la fille du célèbre Black Hammer, dans leur dimension, leur offrait bientôt une porte de sortie ?
Après le succès tant critique que commercial du premier tome de Black Hammer, l’attente du second opus est immense. Chaque sortie d’une nouvelle aventure de Jeff Lemire est devenu un événement dans le petit monde du comic book mais Black Hammer a une place à part parmi les innombrables projets de l’auteur canadien. L’annonce récente du lancement d’une suite nommée Age of doom ou encore de la préparation d’un troisième spin-off réjouiront les fans. Jeff Lemire élargie encore l’univers de Black Hammer en créant à une vitesse ahurissante une véritable cosmogonie : le Hammerverse est né.
Pour comprendre cette boulimie créative il faut remonter à la genèse du projet. Écrit initialement en 2007 puis remis dans les cartons par manque de temps, Jeff Lemire choisit de le relancer en 2015. Quelques mois plus tard, son illustrateur Dean Ormstone est victime d’une attaque cérébrale qui le laisse paralysé d’une partie du corps dont la main avec laquelle il dessine. Le temps de sa rééducation mettra le projet une nouvelle fois en pause. Durant cette période le scénariste écrit pas moins de 20 chapitres (un tome sorti en France en regroupe 6). Il a donc ces dernières années eu tout le temps d’enrichir son projet tandis que le succès fulgurant des premiers tomes outre-atlantique confirmait la volonté de la maison d’édition Dark Horse de lui laisser carte blanche.
On retrouve donc notre famille dysfonctionnelle de super-héros là où nous l’avions quittée. L’arrivée de la fille de Black Hammer brise la monotonie de nos héros et constitue la première touche d’espoir depuis leur arrivée dans cette prison dimensionnelle dix ans plus tôt. C’est l’occasion d’explorer de nouveaux éléments sur le passé des personnages, à commencer par celui de l’énigmatique Black Hammer, fantôme du récit dont la disparition participe à la douleur commune des personnages. Ce passé livre les clés des événements mystérieux qui les ont menés dans cette dimension...
Jeff Lemire lève le rideau sur tout un pan de l’univers élargie qu’il est en train de mettre en place : le Néo-monde, univers sur lequel règne Starlok, seigneur des Montfoudre et jumeau du despote maléfique Anti-dieu. L’introduction d’un nouvel univers et d’une équipe de guerriers cosmiques est l’occasion de multiplier les références aux personnages et aux sagas de super-héros qui ont forgé le genre et à laquelle la déclaration d’amour qu’est Black Hammer rend hommage. On pense entre autre à Thor, Odin, Shazam, Dark Seid, Captain Marvel... Ce serait une erreur pour autant de réduire cette histoire à une encyclopédie de clins d’œil réservés aux connaisseurs. Le vernis désuet et décalé des dessins et la dimension nostalgique du récit participent à la sensation du lecteur de plonger dans une œuvre différente. Une œuvre somme qui prend le comics de super-héros comme matière pour explorer les fragilités de l’âme humaine tout en multipliant encore et toujours les façons d’aborder son sujet. L’alternance des flashbacks relatant un passé glorieux, avec les récits intimistes sondant la douleur et la solitude des protagonistes permet ainsi de prendre part à leur mal-être.
Ce récit protéiforme s’enrichit dans ce volume de nouvelles variations narratives avec notamment le journal intime de Lucy Webber qui arpente la bourgade dont elle est prisonnière. Elle mène une enquête qui va la pousser à questionner la réalité de cet endroit. La paranoïa du personnage pousse le lecteur à remettre en question les fondements du récit. Serions-nous dans la matrice ? La référence au film Truman Show est déstabilisante et donne une nouvelle piste assez géniale à explorer.
On peut mentionner aussi l’épisode totalement décalé et pulp de l’aventure du Colonel Weird et de Talky Walky dessinée par David Rubin à la façon d’un comic vintage et qui offre une respiration naïve au récit.
Le mystère se lève petit à petit mais le dénouement n’est pas encore pour tout de suite. Il devrait arriver dans le prochain tome, qui devait initialement être le dernier... L’annonce d’un second cycle, dont la parution a commencé ce mois-ci aux États-Unis, rebat toutefois les cartes. D’ici là on patientera avec la parution des spin-off centrés sur l’age d’or de Spiral City. Prochain à paraître Sherlock Frankenstein & la ligue du mal le 21 septembre.
184 pages - 17.5€
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