Le 20 juin 2020
Un bon cru de Chabrol. Dans le cadre d’une petite commune bretonne, le réalisateur organise une atmosphère de paranoïa généralisée. Sandrine Bonnaire et Jacques Gamblin sont excellents.


- Réalisateur : Claude Chabrol
- Acteurs : Sandrine Bonnaire, Jacques Gamblin, Valeria Bruni Tedeschi, Bulle Ogier, Antoine de Caunes
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Français
- Distributeur : MK2 Distribution
- Durée : 1h53min
- Date télé : 6 octobre 2020 22:35
- Chaîne : Paris Première
- Date de sortie : 13 janvier 1999

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Résumé : Des enfants découvrent dans un port de Bretagne le corps d’Eloïse, dix ans. Elle a été étranglée. La première personne interrogée par Frédérique Lesage, jeune commissaire récemment promue est René, professeur de dessin, dernière personne a avoir vu Eloïse. René et sa femme, Viviane, infirmière à domicile, sont bien acceptés dans le village, mais ce ne sont pas des natifs. Germain-Roland Desmot, écrivain à succès surmédiatisé, est la star du pays. Viviane se laisse charmer. La rumeur à propos de René s’amplifie quand une seconde mort violente finit de tétaniser la ville.
Critique : Le prof de dessin esquisse le croquis d’une petite fille qui dessine également. L’enfant est retrouvée morte dans la forêt. Qui l’a tuée ? Le microcosme d’une petite commune bretonne où mugit le vent est le cadre de ce huis clos policier. Le cinéma de Chabrol trouve une nouvelle fois à s’y épanouir, tandis que les rumeurs circulent. Le noyau de l’intrigue concerne un couple de trentenaires : René est un professeur de dessin dépressif et boiteux, Viviane une infirmière qui s’interroge. Les soupçons se portent rapidement sur le premier, renforcent son instabilité. Parallèlement, une commissaire acharnée à débusquer la vérité (Valeria Bruni Tedeschi) avance dans ses investigations. Il y a aussi un insupportable écrivain mondain (Antoine de Caunes), véritable machine à apophtegmes, qui plastronne volontiers sur les plateaux de télévision (une des cibles privilégiées de Chabrol) et tire profit de la situation pour courtiser Viviane. La galerie de portraits ne manque pas d’intérêt, le réalisateur étire le malaise jusqu’à la jubilation, alors que le tueur est quelque part. Chacun, constamment, semble déployer des stratégies propres à un véritable jeu d’échecs, dans une atmosphère de paranoïa généralisée, qui permet une nouvelles fois au metteur en scène de sonder l’âme humaine, au-delà des apparences.
Peu importe que l’identité de l’assassin (celui du deuxième crime) n’engendre pas le prolongement du mystère. L’intérêt du film est ailleurs, dans les arrangements dont les personnages s’accommodent pour finalement sauver leur peau, chacun avec des problématiques différentes. Le brouillard qui tombe volontiers sur les paysages maritimes a évidemment une fonction symbolique : au cœur de cette écharpe brumeuse se noue l’un des drames essentiels de cette histoire. Ce bon Chabrol est servi par d’excellents acteurs, Jacques Gamblin et Sandrine Bonnaire, en particulier, dans les rôles principaux.