Atomic Love - La chronique BD

Voyage cosmique dans l’univers érotico surréaliste de Jirô Ishikawa « Où rôde le désir devenu fou ». Il faut longtemps s’attarder sur ses propres pulsions, caresser ses obsessions comme on caresse du velours, pour ainsi les coucher avec élégance sur le papier. Jirô insuffle à Atomic Love la force de sa folie décadente, cinglant l’espace d’un geste saisissant la (qué)quête humide de tous les possibles.

Le rythme sauvage s’étend dans une succession de visions (parfois) dérangeantes avec un V majuscule pour Vice, laissant de côté nos repères pour mieux percevoir toute la poésie du dessinateur, dans ce voyage du troisième type aux confins de la galaxie du Cul. Pudique impudeur. La sensualité libérée de la narration s’émancipe du superflu pour ne garder que l’essence pure de son imagination lubrico-lubrifiée. C’est dans ce délire orgiaque que nous plongeons avec délice, abandonnant progressivement le cadre de la logique.

Jiro Ishikawa / Les Requins Marteaux

Crescendo, textures et formes sont habitées par des mouvements où tout tend à la jouissance comme dans une érection sans fin, éternellement insatiable. Une jouissance esthétique sans limite. Courbes, nervures, vibrations, fluides composent les motifs de cet univers à l’architecture tantôt minimaliste, tantôt psychédélique. On aime ce balancement quasi hypnotique.

Au fil des pages peuplées de créatures animales, de chimères fantasmées, les organes se cherchent dans une danse continue. C’est un ballet de phallus et de vulves qui fascine autant qu’il trouble... Et ce trouble profond parle de nos fantasmes les plus abstraits, un miroir tendu à chacun d’entre nous, mais également à une société qui cultive le refoulement des singularités.

Jiro Ishikawa / Les Requins Marteaux

Jirô Ishikwa nous transmet un peu de son audace lubrique, les jeux de peaux nourrissent un art de l’érotisme tout en paradoxes. Subtilement nous rêverions de glisser avec lui dans ses interstices graphiques.